Listen to the article
Le problème de sécurité au Musée du Louvre, qui a eu pour conséquence le vol de joyaux de dimanche, ne date « pas d’hier » et était connu de l’administration, a déclaré mercredi 22 octobre le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, sur RTL.
Le Musée du Louvre « n’est pas parvenu à rattraper son retard dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection des œuvres », déplore un rapport de la Cour des comptes que l’Agence France-Presse (AFP) a pu consulter. La cour, qui s’est penchée sur la période comprise entre 2019 et 2024, parle d’un « retard persistant » dans ce domaine. « Le rapport n’apprend pas des choses qui sont inconnues de l’administration », a dit Pierre Moscovici, « elles ne datent pas d’hier ». « On n’est peut-être pas totalement conscient de ce qui se passait, de l’ampleur du problème, mais oui, on savait ce qui se passait », a-t-il insisté.
« 75 % des salles de l’aile Richelieu pas protégées »
Le déploiement de nouveaux équipements de surveillance s’est concentré « sur un certain nombre de salles, notamment les espaces d’expositions temporaires du hall Napoléon (+ 150 %), ce qui explique que le taux de couverture total des salles n’ait augmenté que de 15 % », pointe le rapport, qui n’a pas encore été publié. « Et ce alors que 60 % des salles de l’aile Sully et 75 % pour l’aile Richelieu ne sont pas protégées par des dispositifs de vidéosurveillance », est-il précisé. Pierre Moscovici a par ailleurs dit avoir demandé l’accélération de la réalisation du rapport pour le rendre public « d’ici à deux semaines ».
La cour estime par ailleurs que « sous l’effet d’une fréquentation croissante, le cycle d’obsolescence des équipements techniques du musée s’est accéléré de façon nettement plus importante que le rythme des investissements engagés par l’établissement pour y remédier ».
Le rapport rappelle que des avaries sur les infrastructures techniques avaient notamment conduit le musée le plus visité au monde à fermer en urgence deux salles lors de deux expositions en 2023-2024 : « Naples à Paris » et celle consacrée à Claude Gillot, dessinateur, illustrateur, peintre et graveur du XVIIIe siècle.
Le Louvre « a été assez richement doté »
La cour souligne par ailleurs que « si l’essentiel des études préalables [aux travaux nécessaires] a été réalisé au cours des dernières années », leur « mise en œuvre opérationnelle apparaît inégale et d’une façon générale très limitée ».
« Les montants financiers engagés de faible ampleur au regard des besoins estimés et du budget annuel de l’établissement, reflètent cette tendance à faire du lancement des travaux liés aux schémas directeurs une variable d’ajustement », ajoute-t-elle. En 2024, la mise aux normes du système de protection incendie, entamée en 2010, « n’est toujours pas achevée », déplore également le rapport.
Interrogé sur un lien éventuel entre ces problèmes de sécurité et des restrictions budgétaires, Pierre Moscovici a pour sa part estimé que « ce n’est pas le cas ». « Le Louvre a quand même eu beaucoup de projets, il a été assez richement doté, il a des mécénats. Le Louvre n’est pas sans ressources », a-t-il remarqué.
M. Moscovici a jugé que ce vol était « une affaire considérable, avec un retentissement international incroyable : on a volé notre trésor national, c’est pour les Français un symbole grave, il faut assurer la sécurité du Louvre », a-t-il conclu.











6 commentaires
Alors que le vol a eu lieu en plein jour, cela soulève des questions sur l’efficacité des moyens déployés. Un musée comme le Louvre devrait être une forteresse.
Les retards dans la protection des œuvres mettent en lumière des priorités budgétaires discutables. Comment expliquer que 75% des salles ne soient pas sécurisées ?
La Cour des comptes a pointé un manque de suivi. On devrait exiger des comptes.
Peut-être des fonds ont été redirigés vers d’autres projets, mais les conséquences sont graves.
C’est effarant que des déficiences de sécurité aient été ignorées aussi longtemps. Le Louvre est un symbole culturel majeur, il mérite mieux.
Un rapport de la Cour des comptes révèle des problèmes récurrents. Espérons que cela serve de leçon pour renforcer la sécurité à l’avenir.