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Parmi les nombreux décrets signés par Donald Trump le premier jour de sa présidence, le 20 janvier, figurait celui annonçant le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Certains ont pu y voir une décision relativement anodine. La sortie de l’accord lors du premier mandat n’avait-elle pas été un non-événement, sans réel impact sur la négociation climatique internationale ?

Il en va tout autrement cette fois-ci. En matière de diplomatie climatique, l’Amérique trumpienne ne s’est nullement mise en retrait. Elle pratique au contraire un interventionnisme destructeur, comme en témoigne le torpillage de la stratégie de décarbonation du transport maritime intervenu, à la mi-octobre, dans l’enceinte de l’Organisation maritime internationale (OMI).

Comme celles des vols internationaux, les émissions de CO2 émanant du transport maritime international ne sont pas directement couvertes par l’accord de Paris. Elles sont régulées par l’OMI, une agence spécialisée de l’Organisation des Nations unies (ONU), qui réunit les Etats dans le cadre de sessions ad hoc où se négocient les objectifs de réduction d’émissions – l’équivalent des COP (conférences des parties), limitées aux seules émissions du transport maritime international.

Retour surprise

Lors de la session d’avril, consacrée aux moyens à mettre en œuvre pour réduire les émissions de CO₂ à moyen terme, les Etats-Unis ont adopté la politique de la chaise vide. Une façon de marquer leur hostilité à tout engagement du transport maritime en matière d’atténuation du changement climatique. En leur absence, les pays présents se sont accordés sur un projet de régulation comportant deux volets : des objectifs de réduction d’émissions de CO₂ à moyen terme ; un mécanisme de tarification carbone pénalisant les armateurs n’atteignant pas les objectifs et soutenant ceux qui prennent de l’avance.

La session du 13 au 17 octobre devait inscrire ce projet dans le droit international, par l’intermédiaire de la convention de Marpol, qui fait autorité en ce qui concerne la livraison maritime de marchandises. Simple formalité juridique ? C’était compter sans le retour surprise de la délégation américaine autour de la table des négociations et le torpillage en règle du projet auquel elle s’est livrée. Allant jusqu’à menacer de rétorsion commerciale les pays qui oseraient appliquer la tarification carbone, elle a pu s’appuyer sur des affidés acquis à sa cause, comme la Russie et l’Arabie saoudite, autres grands producteurs d’hydrocarbures.

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16 commentaires

  1. L’OMI est pourtant un acteur clé dans la réduction des émissions du transport maritime. Pourquoi les États-Unis freinent-ils ces efforts ?

  2. Cet article soulève des questions intéressantes sur l’impact réel des décisions climatiques américaines. Comment les autres pays compensent-ils cette absence de leadership ?

  3. Chloé K. Dubois le

    L’accord de Paris sans les États-Unis perd-il vraiment de son efficacité ? Les autres nations compensent-elles ce retrait ?

  4. Ces actions destructrices pourraient-elles par ricochet favoriser d’autres puissances dans les industries de l’énergie et des minerais ?

  5. Pierre Bernard le

    Cet interventionnisme américain risque de retarder les transitions énergétiques dans des pays déjà en difficulté avec ces enjeux.

  6. L’interventionnisme destructeur décrit ici est effectivement préoccupant, surtout dans un domaine aussi critique. Les marchés des minerais sous tension vont-ils en pâtir ?

    • La demande en métaux stratégiques reste forte malgré tout, mais les politiques contradictoires risquent d’affecter la stabilité des prix.

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