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Surtaxe des dépassements d’honoraires : le rapporteur du budget alerte sur un risque d’accélération des déconventionnements de médecins
En cas d’adoption de l’article qui surtaxe les dépassements d’honoraires, Thibault Bazin, député (Les Républicains, LR) de Meurthe-et-Moselle et rapporteur général du budget de la « Sécu », craint une « accélération » des déconventionnements de médecins avec l’Assurance-maladie.
Adopté en commission, l’article 26 du projet de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) permet au gouvernement de rehausser par décret une cotisation que paient les médecins sur leurs suppléments d’honoraires, aujourd’hui de 3,25 %.
Tel que rédigé aujourd’hui, « c’est une invitation à se déconventionner, à sortir de l’Optam [Option pratique tarifaire maîtrisée] », a déclaré mardi matin le député lors d’un rendez-vous organisé par l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS), avant le début de l’examen du texte dans l’hémicycle.
En secteur 1, les médecins ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires. En secteur 2, un médecin peut pratiquer des tarifs supérieurs aux niveaux de base de la Sécurité sociale, et ces dépassements ne sont pas pris en charge par la « Sécu ». L’option Optam permet le dépassement d’honoraires sous une forme limitée, en contrepartie d’avantages financiers.
Cet article, « c’est “je vous taxe les dépassements, je ne fais aucune différence que vous soyez conventionné ou pas” » ou « entre ceux qui jouent la maîtrise des dépassements » et font « parfois seulement 15 % de dépassement sur 15 % de la patientèle », a déploré Thibaut Bazin. « Je suis persuadé que derrière une bonne intention, on va avoir des effets d’accélération du déconventionnement (…). Et qui paye à la fin ? Le patient », a-t-il ajouté.
Il a rappelé que les médecins attendent depuis des années une réévaluation des tarifs remboursés. « Quand j’ai vu que l’appendicectomie n’avait pas évolué dans sa tarification depuis vingt ans, qu’un accouchement n’a pas évolué depuis vingt ans, je me suis posé des questions », a-t-il poursuivi, déplorant « une forme d’hypocrisie de l’Assurance-maladie ».
Il a aussi critiqué l’article 24, qui offre la possibilité au directeur général de l’Assurance-maladie de procéder unilatéralement à des baisses de tarifs pour des spécialités médicales considérées comme très rentables. « Qui serait contre lutter contre les rentes abusives ? Mais quand je commence à regarder spécialité par spécialité, je me dis, je vais avoir des victimes collatérales », a-t-il dit.
Cet article revient à « donner l’arme nucléaire » à l’Assurance-maladie, « sans être assuré d’avoir une finesse dans le ciblage », a-t-il jugé. A l’intérieur d’une même spécialité, « certains actes sont très rémunérateurs et d’autres peu rémunérateurs », a-t-il ajouté, donnant l’exemple du scanner ou de la mammographie « peu intéressants » financièrement par rapport à l’IRM.








15 commentaires
En augmentant les taxes sur les suppléments, est-on sûr de ne pas fragiliser encore plus le système de santé ?
C’est une crainte légitime, surtout en période de pénurie de médecins.
Cette surtaxe pourrait-elle vraiment entraîner une vague de déconventionnements ?
Le débat sur les dépassements d’honoraires est récurrent, mais cette fois, les médecins semblent particulièrement inquiets.
C’est vrai, surtout avec les menaces de déconventionnement qui pèsent.
Cette surtaxe semble plutôt être une tentative de réguler les abus, non ?
C’est l’objectif affiché, mais la réalité pourrait être plus complexe.
Difficile de croire que cette taxe suffira à résoudre le problème des dépassements abusifs.
Les patients risquent-ils de payer le prix fort en cas de départ massif des médecins ?
Est-ce que cette mesure pourrait vraiment dissuader les médecins de continuer à pratiquer des dépassements ?
Oui, c’est un risque réel, surtout si les médecins se sentent pénalisés financièrement.
Mais sans alternative, beaucoup pourraient finalement rester dans le système.
Les médecins de secteur 2 devraient-ils se sentir directement concernés par cette mesure ?
Absolument, car ce sont eux qui pratiquent le plus de dépassements.
Le gouvernement sous-estime-t-il l’impact de cette mesure sur les professionnels de santé ?