« Stups », une immersion avec les petites mains du trafic de drogue

L’AVIS DU « MONDE  » – À VOIR

Après Des Hommes (2019), puissant documentaire consacré à la prison des Baumettes, Alice Odiot et Jean-Robert Viallet ont posé leur caméra au tribunal de Marseille, le plus engorgé de France pour ce qui est des affaires de stupéfiants. Ils y ont filmé la justice et ses lieux : geôles, bureaux, salles d’audience. Là, les comparutions immédiates voient défiler les petites mains du narcotrafic. Dans Stups, pas de grand banditisme, ni de gros poissons : on est ici, tout en bas de l’échelle, avec les guetteurs, les nourrices (ceux qui stockent), les transporteurs.

A la barre défilent des femmes et des hommes souvent très jeunes, tous pauvres, et quasiment tous (à l’exception d’un seul) issus de l’immigration postcoloniale. Socialement vulnérables, ils sont venus nourrir les rangs de la main-d’œuvre esclavagisée des réseaux de trafiquants. Ils sont ceux qui gagnent le moins, qui s’exposent le plus, en meurent le plus et se font attraper les premiers. Les audiences durent trente minutes, durant lesquelles chaque prévenu choisit sa stratégie : insister sur la vie de galère, l’absence d’embauche, le besoin de s’en sortir avec de l’argent facile, s’arranger avec la vérité, nier ou minimiser les faits.

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