Listen to the article
L’initiation au théâtre dans l’éducation est précieuse, à tous les niveaux scolaires. Comme pour les autres arts du spectacle vivant – arts du cirque, de la rue, de la marionnette et danse –, elle suppose le lien direct avec les lieux de création et l’apport des artistes au sein même des classes et des établissements scolaires. La pérennité de cette expérience de rénovation pédagogique réussie et de démocratie culturelle est pourtant aujourd’hui mise en danger.
Tout indique en effet que le travail important développé depuis des décennies par nombre d’enseignants et de structures théâtrales, renforcé grâce à l’élan donné par le plan Lang-Tasca pour les arts et la culture à l’école (mis en œuvre à partir de 2001), se trouve désormais gravement fragilisé. Budgets réduits, gestion erratique du Pass culture, coupes drastiques des financements aux associations régionales de théâtre-éducation, menaces sur les options théâtre en lycée, absence de soutien aux ateliers théâtre, réduction des sorties au théâtre avec les élèves, mise en suspens des outils pédagogiques, abandon des formations conjointes entre artistes et enseignants…
Tous ces reculs conjugués démoralisent de nombreux partenaires artistes et enseignants, et privent des milliers d’élèves de formes de transmission coopératives et dynamiques. Celles qui permettent d’apprendre collectivement, de façon active et vivante, en reliant passé et présent, art et savoir.
Un art rassembleur
Avons-nous besoin de justifier ce que nous savons depuis trois mille ans : que le théâtre est un art civilisateur et rassembleur, qu’il met les mots du poète dans le souffle et le mouvement des corps, qu’il interroge notre histoire et notre façon de rendre le monde plus humain ? Faut-il réaffirmer ce que les élèves, les parents, les chefs d’établissement, les enseignants, les artistes, les auteurs, les éditeurs, les élus disent, c’est-à-dire que ces expériences d’initiation sont bénéfiques et irremplaçables dans le parcours scolaire des élèves et leur devenir ? Faut-il préciser que les universités, comme certaines entreprises, reconnaissent les acquis essentiels conférés par de telles initiations – le sens du collectif, un autre rapport à la langue et à l’oral, des capacités d’invention, d’organisation et de prise d’initiative ? Doit-on rappeler que le président de la République lui-même avait déclaré, en janvier 2024, que le théâtre devait être « un passage obligé au collège » ?
Il vous reste 54.77% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.










13 commentaires
Les options théâtre en lycée offrent une ouverture intellectuelle précieuse. Les supprimer serait une erreur.
Les ateliers théâtre favorisent la confiance en soi et la coopération. Eliminer ce dispositif serait regrettable.
Le théâtre est un outil pédagogique puissant, mais sa disparition des programmes scolaires nuirait à la formation citoyenne des élèves.
La réduction des budgets culturels en général affaiblit le rôle social du théâtre. Comment maintenir un lien artistique de qualité dans ces conditions ?
Le Pass culture est un bon concept, mais sa gestion semble chaotique. Il faudrait simplifier son accès pour les enseignants.
Effectivement, des procédures plus claires seraient utiles.
La formation conjointe entre artistes et enseignants est essentielle. Sans elle, la qualité pédagogique pourrait baisser.
C’est vrai, ces échanges sont un atout indéniable.
Intéresser les jeunes au théâtre, c’est excellent, mais il faut s’assurer que l’accès soit équitable pour tous, pas seulement pour ceux qui ont déjà un environnement culturel favorable.
Absolument, sans égalité d’accès, l’impact sur les moins favorisés reste limité.
On pourrait aussi développer des partenariats avec les associations locales pour toucher plus de jeunes.
Cet article souligne des enjeux importants, mais manque de données concrètes sur l’impact de ces coupes budgétaires.
Les sorties au théâtre stimulent l’imagination et la réflexion. Il serait dommage de les supprimer.