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Les bijoux volés, dimanche 19 octobre, au Louvre, dont personne ou presque ne connaissait l’existence, ont provoqué un émoi tutoyant l’hystérie, en France comme à l’étranger. Quand un sujet culturel déborde à ce point, c’est rarement pour enrichir le débat esthétique. C’est souvent pour nourrir un scandale, qui, en l’espèce, se voit dopé par le climat ambiant : il est idéologisé, identitaire même.
Pour le dire autrement, ce ne sont pas seulement des bijoux qui ont été dérobés, mais l’âme française. Pas des bijoux mais le Louvre, le plus grand musée au monde et l’ancien palais des rois. C’est le hold-up de notre mémoire, d’une certaine idée de la nation, celle d’hier et d’aujourd’hui. Depuis dimanche, la droite et surtout l’extrême droite, notamment via des médias, multiplient les figures de style pour dire ce que signifie le braquage : « Jusqu’où ira le délitement de l’Etat ? » (Jordan Bardella, sur X) ; « Une nouvelle épreuve pour notre pays » (Marine Le Pen, sur X) ; « Une nation menacée » (Eric Ciotti, sur X) ; « Une France en décadence » (un anonyme cité par Europe 1) ; « Un désastre français » (Valeurs actuelles).
Le croquis d’une nation humiliée, incapable de protéger sa population comme ses trésors, a fait tache d’huile. La photo de la nacelle dressée vers la fenêtre du palais est devenue virale, agrémentée de commentaires moqueurs. « L’assaut du Louvre dresse le portrait d’un pays conscient de ses problèmes, mais incapable de les résoudre », résume El Pais, le 21 octobre.
Le moment est d’autant plus pénible qu’il est associé à un autre, survenu le 15 avril 2019, quand le pays a regardé, impuissant, la cathédrale Notre-Dame de Paris se consumer. Se retrouvent dans la même barque du discrédit nos deux plus importants fleurons patrimoniaux, au croisement de l’art et de l’histoire, du pouvoir et de la religion. C’est d’autant plus désastreux que leur public est en grande majorité constitué de touristes étrangers. Stewart Chau, directeur clientèle du groupe Verian et spécialiste de l’analyse des sentiments des Français, clôt l’affaire des bijoux dans L’Opinion du 22 octobre : « Les Français ont honte de ce qui s’est passé, mais surtout honte de l’image que cela produit de leur pays, et même d’eux-mêmes. »
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8 commentaires
Ce braquage montre à quel point la sécurité des musées doit être renforcée. Pourrait-on aller jusqu’à fondre les bijoux pour récupérer les métaux ?
Ce vol au Louvre soulève des questions sur la valeur réelle des objets historiques. Si leur prix est surtout lié aux métaux précieux, ne devrait-on pas réévaluer leur importance ?
La réaction médiatique autour de ce vol semble exagérée. On dirait que les bijoux symbolisent bien plus que leur valeur matérielle.
La polémique autour de ce vol dépasse largement la question des bijoux. On voit ici comment l’art est souvent instrumentalisé politiquement.
Les bijoux volés sont peut-être des objets encombrants, mais ils font partie de notre patrimoine culturel. Leur perte est plus qu’un simple préjudice financier.
Les bijoux ont-ils vraiment été sous-estimés ? Leur valeur artistique est discutable, mais leur poids en or et argent est incontestable.
Dommage que ces pièces aient été volées, mais il est intéressant de noter leur composition en métaux précieux. Cela pourrait influencer leur marché secondaire.
Même si ces objets sont désuets, leur vol souligne un problème plus large : la gestion du patrimoine culturel dans un contexte de sécurité fragile.