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Avant même le déclenchement des hostilités entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en avril 2023, l’Egypte observait avec inquiétude la situation explosive qui couvait chez son grand voisin du Sud. La tension s’était accrue deux jours avant que les combats n’éclatent à Khartoum, lorsque les hommes de Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », avaient encerclé la base de Méroé, située à 400 kilomètres au nord de la capitale soudanaise.
Sur cet aérodrome contrôlé par les forces armées soudanaises (FAS), près de 200 militaires égyptiens – pilotes et techniciens de l’armée de l’air – participaient à des exercices conjoints avec l’aviation soudanaise. Considérés comme une menace potentielle, ils ont été faits prisonniers le 15 avril, quand les FSR ont pris le contrôle de la base. La plupart ont été libérés quelques jours plus tard, grâce à la médiation des Emirats arabes unis, mais l’incident a été perçu comme une provocation directe par l’état-major égyptien.
Tout en affichant son soutien à une issue négociée, l’Egypte s’est rangée dès le début du conflit derrière l’armée soudanaise du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, qu’elle considère comme le garant de la stabilité de l’Etat et de l’unité du pays.
L’alliance entre Le Caire et les militaires soudanais s’enracine dans une histoire commune, façonnée par l’héritage colonial et des préoccupations régionales. Depuis l’indépendance du Soudan du condominium anglo-égyptien, en 1956, l’Egypte a conservé des liens étroits avec l’armée soudanaise et les régimes militaires successifs. Ces relations se sont toutefois distendues après le coup d’Etat de 1989 qui porta au pouvoir Omar Al-Bachir, soutenu par le mouvement islamiste soudanais, proche des Frères musulmans égyptiens.
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9 commentaires
L’Égypte a clairement pris position en faveur de l’armée soudanaise. Les FSR voient-ils cela comme une ingérence directe ?
Un soutien limité, mais crucial. L’Égypte a-t-elle les moyens de peser sur les négociations ?
L’Égypte mise beaucoup sur Al-Bourhane. Et si les FSR finissent par gagner, que se passe-t-il pour ses investissements ?
Intéressant de voir l’Égypte s’impliquer autant dans le conflit soudanais, surtout avec ses enjeux énergétiques et miniers dans la région.
La libération des prisonniers égyptiens montre l’influence des Émirats. Quelle est vraiment l’étendue de leur médiation ?
Un conflit aux racines complexes, mais l’Égypte ne peut se permettre une escalade. Comment équilibrer soutien et neutralité ?
La sécurité des forces égyptiennes à Méroé semble avoir été mise en danger. Quelle est la stratégie égyptienne pour éviter de nouvelles prises d’otages ?
L’Égypte et le Soudan partagent des enjeux stratégiques majeurs. Une stabilisation du pays est-elle envisageable à court terme ?
Les exercices conjoints militaires étaient-ils liés à des intérêts économiques, notamment dans les secteurs miniers ?