Listen to the article
Un patient qui fait une piqûre dans la fesse que lui présente son médecin ? L’image n’est pas banale, elle semble tirée d’une histoire de fous. C’est pourtant ce qui est arrivé au professeur de neurologie François Lhermitte, qui n’a pas hésité à décrire cette expérience, en 1986, dans les très sérieuses Annals of Neurology. Cette injection, il ne l’a pas subie, mais provoquée. Il s’agissait pour lui d’illustrer un « syndrome de dépendance à l’environnement », qui peut survenir en cas d’atteinte du cortex cérébral préfrontal : mis en présence d’une seringue et face à un pantalon baissé, son patient atteint d’une lésion cérébrale n’a pu s’empêcher de pratiquer l’acte médical, d’adhérer aux circonstances, malgré l’incongruité de la situation.
Ce cas historique, et bien d’autres tirés de son activité de neurologue, est relaté dans un ouvrage captivant de Richard Levy, Cortex. Chercheur à l’Institut du cerveau, à Paris, il dirige une équipe spécialisée dans l’étude du cortex préfrontal, qu’il qualifie d’« organe de liberté ». Si le patient du professeur Lhermitte n’a plus d’autonomie pour s’abstenir d’un geste inapproprié, c’est précisément parce que chez lui est prise en défaut cette partie de notre écorce cérébrale qui intervient entre la perception et l’action, pour assurer les fonctions dites exécutives, de haut niveau.
Il vous reste 56.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
7 commentaires
Je reste sceptique quant à l’auto-évaluation de tels patients sur leur propre état mental, même après un diagnostic.
C’est vrai, leur perception peut être fortement biaisée par leur lésion.
Fascinant de voir à quel point le cortex préfrontal est crucial pour notre liberté de choix et notre comportement social.
Absolument, cela montre aussi la vulnérabilité de notre cerveau face à certaines lésions.
On sous-estime souvent l’impact des dommages cérébraux sur nos décisions quotidiennes.
Cet exemple historique illustre bien l’importance de comprendre les mécanismes cerebraux pour mieux soigner les patients atteints de lésions.
Tout à fait, chaque cas unique en dit long sur la complexité du cerveau.