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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Guillaume Ribot est né à Nîmes il y a cinquante-quatre ans. Le souvenir d’une grand-mère qui a sauvé des enfants juifs durant l’Occupation aura suffi à déterminer, depuis une vingtaine d’années, une carrière de photographe et de cinéaste pour l’essentiel dévolue à des enquêtes au long cours sur le sort des Juifs durant cette période et à l’exhumation de leur mémoire. Fort, sans doute, de sa propre et remarquable persistance en cette douloureuse matière, le voici aujourd’hui qui va à la rencontre d’un sommet, en l’espèce Claude Lanzmann (1925-2018) et son œuvre maîtresse, Shoah (1984) – film-tombeau qui fait paradoxalement naître à la conscience collective la singularité de l’événement dont il porte la mémoire en même temps que le deuil.

Lanzmann : son opiniâtreté, son inflexibilité, son irascibilité, son intrépidité, son impolitesse, son génie et, disons le mot, sa folie. Sans elle, qui pourrait, douze années durant, s’affronter à la fabrication d’un film tel que Shoah ? Convaincre les survivants de parler, convaincre les nazis de s’épancher, convaincre les observateurs polonais de témoigner, convaincre les producteurs de payer. Se convaincre soi-même, aussi bien, d’avoir raison de se confronter ainsi à la mort, d’avoir raison de vouloir extirper quelque chose de ce néant qu’est le Génocide, pointe avancée et industrielle de cette passion immémoriale de salir, chasser, détruire et enfin effacer le nom juif de la surface de la Terre.

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