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Le gouvernement français cherche des noisettes pour combler les béances de son budget. Ferrero, lui, est tout aussi accro à cette quête de la noisette. Sauf que pour le géant italien de la malbouffe, l’enjeu n’est pas de trouver un improbable équilibre entre dépenses et recettes mais bien d’accroître des marges déjà plus que replètes. Il faut donc alimenter sans cesse le robinet à Nutella décliné en pots, glaces ou gâteaux. Huile de palme, sucre, cacao sont ainsi livrés par tombereaux pour concocter la pâte à tartiner qui a fait le succès de Ferrero. Sans oublier bien sûr le petit fruit sec, une des clés de sa recette.
A l’origine, le confiseur italien ne jurait que par la noisette du Piémont, une variété qui a décroché son indication géographique protégée. Mais le passage à l’ère industrielle puis à l’échelle de la multinationale, avec un chiffre d’affaires de 18,4 milliards d’euros en 2024, a décuplé l’appétit de Ferrero. Il s’est naturellement tourné vers la Turquie, plus grand producteur de noisettes au monde avec un verger de 740 000 hectares. Il a même avalé le fournisseur turc Oltan pour maîtriser l’ingrédient phare. Il a également incité les agriculteurs français à planter des noisetiers et à s’organiser afin de livrer son usine de Villers-Ecalles (Seine-Maritime) qui produit, chaque année, 600 000 pots de Nutella.
De 6 à 12 euros le kilo
Sauf que cette année, la récolte turque de noisettes ne vaut pas tripette. Le gel printanier et les sécheresses de l’été ont décoiffé les noisetiers. « La production en Turquie pourrait atteindre 500 000 tonnes en 2025 contre un potentiel de près de 800 000 tonnes », estime Jérôme Bissières, vice-président de la coopérative Unicoque. Dans ce contexte de ressource limitée, les prix ont flambé. « Durant l’été, le cours de la noisette a quasi doublé. Il est passé de 6 à 10 voire 12 euros le kilo », précise M. Bissières.
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13 commentaires
Ferrero cherche à réduire les coûts de la noisette pour maintenir ses marges. Est-ce que cela impactera la qualité du Nutella à long terme ?
La qualité pourrait effectivement baisser si Ferrero Priorise le prix sur la provenance.
Ce n’est peut-être qu’une stratégie pour contrer la concurrence sur le marché.
Intéressant de voir comment une multinationale comme Ferrero influence les cultures locales, notamment en Turquie et en France.
C’est un bon exemple des pressions économiques sur les agriculteurs.
Ferrero semble privilégier les profits aux traditions, en sacrifiant la noisette piémontaise au profit de la Turquie.
Les multinationales ont souvent des logiques différentes de celles des artisans locaux.
La Turquie joue un rôle clé dans l’approvisionnement en noisettes de Ferrero. Un déséquilibre politique pourrait-il perturber cette chaîne d’approvisionnement ?
C’est toujours un risque avec des dépendances aussi fortes à un seul marché.
La Turquie est effectivement le plus grand producteur de noisettes au monde. Comment Ferrero gère-t-il les variations de prix sur ce marché ?
Probablement en diversifiant ses fournisseurs ou en signant des contrats à long terme.
La stratégie de Ferrero montre que même les produits emblématiques ne sont pas à l’abri des pressions des coûts.
C’est un défi pour tous les industriels, pas seulement dans l’agroalimentaire.