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Chaque vendredi, Le Monde Afrique présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, direction le Bénin, où se tient, du 10 au 15 novembre, le Salon des industries musicales d’Afrique francophone (SIMA).
Alors que les revenus musicaux en Afrique subsaharienne ont atteint 110 millions de dollars en 2024 (95 millions d’euros), selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), en hausse de 22,6 % par rapport à 2023, les organisateurs du SIMA constatent que « le financement de l’industrie musicale demeure un défi majeur » sur le continent.
« L’Afrique francophone regorge de talents. Sans financements adaptés, ces talents peinent à s’exporter et à créer de la valeur durable. Le SIMA veut accompagner les politiques publiques et renforcer les capacités des acteurs pour transformer ce potentiel en moteur économique », affirme Mamby Diomandé, fondateur et commissaire général de l’événement : « Nous appelons tous les acteurs publics, privés, culturels et économiques à se joindre à nous pour construire une industrie musicale francophone forte, inclusive et durable. »
Le Bénin entend de son côté s’affirmer comme un hub des industries culturelles et créatives en Afrique de l’Ouest. « Le SIMA illustre parfaitement la vision du Bénin : faire du tourisme et de la culture des leviers stratégiques de développement économique et social », indique Sindé Chekete, directeur général de l’agence publique Bénin Tourisme, qui veut valoriser la « richesse artistique » béninoise.
Celle-ci est notamment incarnée par les artistes présentés dans cette sélection musicale : les groupes Gangbé Brass Band et Star Feminine Band, qui sortent de nouveaux albums, et le slameur Myster Ezin.
« Ahelou », de Gangbé Brass Band
Témoin de cette ouverture au monde, le Gangbé Brass Band revendique un double héritage : celui des cérémonies vaudou, où les percussions (tambours, cloches…) sont omniprésentes (gangbé signifie « le son du métal », en langue fon), et celui des fanfares de La Nouvelle-Orléans, où les cuivres (trompettes, trombones, sousaphones) donnent le ton.
Son nouvel album, From Ouidah To Another World (à paraître le 21 novembre), prend ainsi comme point de départ le port béninois de Ouidah, qui fut le lieu d’embarquement de nombreux esclaves lors de la traite transatlantique, afin de « questionner les circulations invisibles entre musiques africaines et anglo-saxonnes » et de « relier les mémoires sonores diasporiques ».
« Jusqu’au bout du monde », de Star Feminine Band
Et de trois pour Star Feminine Band ! Sorti mi-septembre, l’album Jusqu’au bout du monde affirme sans ambages l’ambition des huit jeunes filles originaires de Natitingou, un village du nord du Bénin. Depuis son premier opus, en 2020, le groupe a fait du chemin, s’invitant sur les scènes les plus prestigieuses, de Glastonbury (Angleterre) à Roskilde (Danemark), en passant par le Festival du bout du monde, à Crozon (Finistère).
« Espoir », de Myster Ezin
Enfin, dans un tout autre genre, on découvre le slameur et compositeur Myster Ezin – Ezin Pierre Dognon de son vrai nom – dans son nouveau clip, Espoir, publié le 14 octobre et issu de l’album du même nom (mais au pluriel, Espoirs), paru en 2022 et qui comprend une reprise du célèbre Caroline de MC Solaar.
Docteur en musicologie établi à Nîmes, où il a fondé son propre label, III Lumière, l’artiste de 35 ans y raconte le parcours d’un immigré qui continue de croire en ses rêves, malgré les difficultés qu’il éprouve pour trouver sa place dans la société.











13 commentaires
Le SIMA semble être un événement clé pour les acteurs de l’industrie musicale en Afrique francophone. Dommage que les médias mainstream n’en parlent pas plus.
C’est souvent le cas des événements culturels africains, qui méritent pourtant plus d’attention.
Les 110 millions de dollars de revenus musicaux en Afrique subsaharienne sont une bonne nouvelle, mais cela représente encore une goutte d’eau à l’échelle mondiale. L’industrie a besoin de plus de visibilité internationale.
La mondialisation des plateformes de streaming pourrait aider à accroître cette visibilité.
Mamby Diomandé a raison de souligner l’importance des collaborations entre les secteurs publics et privés. Sans cela, l’industrie musicale africaine ne pourra pas atteindre son plein potentiel.
Les partenariats stratégiques sont souvent la clé du succès dans des marchés en développement.
Les chiffres de l’IFPI montrent une croissance impressionnante du secteur musical en Afrique subsaharienne. Malheureusement, cette croissance ne se traduit pas encore par une meilleure répartition des financements.
C’est un problème récurrent dans beaucoup d’industries émergentes du continent.
Le Bénin a tout à gagner en se positionnant comme un hub des industries culturelles. reste à voir comment les autorités vont concrétiser cette ambition.
Les initiatives comme le SIMA sont un bon début, mais elles doivent être soutenues par des politiques clair pour avoir un impact durable.
Intéressant de voir comment le SIMA met en lumière les talents de l’Afrique francophone. Dommage que le manque de financement reste un frein majeur à leur développement international.
Espérons que les acteurs économiques répondront présents pour soutenir cette industrie en pleine croissance.
Effectivement, sans soutien financier, il est difficile pour les artistes de percer à l’échelle mondiale.