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La tribune publiée le 4 novembre dans Le Monde et intitulée « Parallèlement à la “science des maladies”, nous plaidons la “science des symptômes” » ouvre un débat nécessaire sur le dépassement du « dualisme cartésien », c’est-à-dire l’ancienne distinction entre le corps et l’esprit. Pour les auteurs, il s’agit de savoir si l’on continue à opposer d’un côté les « vraies » maladies qui se voient sur les examens et, de l’autre, des symptômes réputés seulement « dans la tête », ou si l’on accepte que les symptômes naissent de l’interaction entre le corps, le cerveau, les émotions. Les auteurs s’appuient par ailleurs sur l’influence – réelle dans toutes les maladies et chez tous les patients – de la psychologie sur les symptômes pour justifier une « science des symptômes » parallèle à celle des maladies.
Il nous semble que le dépassement proposé repose en fait sur une confusion. Le dualisme postulait seulement que « corps » et « esprit » sont de natures différentes, sans nier leurs interactions. La proposition des auteurs hérite de ce contresens. La science parallèle des symptômes qu’ils appellent de leurs vœux reconduit une séparation de nature entre psychologique et somatique, au lieu de la dépasser. Un vrai dépassement est pourtant nécessaire, au moment où les progrès en neuro-imagerie, en biologie et en physiopathologie permettent d’objectiver la réalité organique de plaintes autrefois dites « fonctionnelles ». L’histoire de la médecine est jalonnée de maladies aux mécanismes encore mal élucidés, longtemps reléguées au rang de troubles psychosomatiques – des ulcères digestifs à l’endométriose.
Depuis toujours, la médecine consiste à la fois à soulager les symptômes et à traiter, lorsque c’est possible, les causes de la maladie qui les produit. La distinction proposée conduirait en fait à créer, à côté de la médecine fondée sur les preuves, une médecine « parallèle » et des médecins qui s’exonéreraient de la recherche des causes organiques. C’est la garantie de laisser ces maladies incomprises et de maintenir les patients dans l’errance médicale.
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11 commentaires
Les émotions influencent effectivement les symptômes, mais les ignorer complètement n’est pas une option.
Exact, la médecine devrait évoluer vers une vision plus complète.
La séparation artificielle entre mental et physique ne date pas d’hier, mais la proposer comme solution semble simpliste.
Une approche plus intégrée serait bien plus bénéfique.
Vous avez raison, le débat mérite plus de nuances.
Le dualisme cartésien est dépassé, mais créer des sciences parallèles)n’est-ce pas revenir à cette séparation ?
C’est une excellente question qui mériterait des réponses plus approfondies.
Intéressant débat sur la distinction entre corps et esprit. Une approche holistique des symptômes serait-elle plus pertinente ?
Tout à fait, mais comment concilier cela avec les diagnostics médicaux traditionnels ?
Une science parallèle des symptômes risque de détourner l’attention des causes organiques, non ?
C’est un risque réel, effectivement.