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Des parents inquiets se sont réunis, lundi 15 décembre dans la matinée, pour dénoncer l’incendie vraisemblablement criminel du collège Champollion, à Dijon, une « vendetta » liée au démantèlement d’un réseau de trafiquants de drogue, selon le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, qui s’est rendu sur place.
Au cœur du quartier prioritaire des Grésilles, devant l’établissement, ce dernier leur a promis que l’Etat ne se laisserait pas « intimider » et ne « lâcherait rien » dans sa « guerre » contre le narcotrafic. Egalement présent, son collègue de l’éducation nationale, Edouard Geffray, s’est engagé à ce que l’« essentiel » des 500 élèves du collège y soit de nouveau en cours après les vacances de Noël ou dans des classes à proximité, en attendant que celles endommagées soient entièrement reconstruites.
« En tant que maman je m’inquiète », a déclaré, avant leur arrivée et auprès de l’Agence France-Presse, Nadia, la mère d’un élève de 6e, qui ne souhaite pas donner son nom de famille, en expliquant avoir pris une journée pour rester avec son fils très affecté par la situation. A 11 ans, « il est encore petit » et samedi matin, il était « au bord des larmes » quand il a appris que son collège avait brûlé. Cet incendie « met un stop à leur éducation », a-t-elle déploré, en s’interrogeant pour la suite.
« On a brûlé un lieu sacré »
Dans la nuit de vendredi à samedi, un incendie a provoqué d’importants dégâts dans un bâtiment du collège. L’origine volontaire est « très vraisemblable », selon le procureur de la République de Dijon, qui a fait état de « plusieurs départs de feu concomitants ». Aucune interpellation n’a encore eu lieu, a déclaré à la presse Laurent Nuñez, qui, après les autorités locales, a fait un lien entre l’incendie et le trafic de drogue en vigueur dans le quartier.
« Sept têtes d’un réseau » local ont été interpellées en septembre aux Grésilles et plusieurs points de deal démantelés, a rappelé le ministre : « On a de bonnes raisons de penser qu’il y a un lien » parce que, « quand on fait mal aux trafiquants de drogue (…), il y a souvent des représailles, des actions qui sont des espèces de vendetta. »
« Ici, à Dijon, comme partout sur le territoire national, il y a une guerre à mener. Ici, aux Grésilles, nous avons gagné une bataille importante, (…) nous allons évidemment poursuivre ce combat, rien n’intimide le gouvernement », a-t-il lancé. « On ne cédera pas, la République ne cédera pas aux intimidations » et le collège rouvrira, avait également promis François Sauvadet, président du conseil départemental de la Côte-d’Or, peu de temps auparavant.
« La République est chez elle partout »
« C’est un quartier de voyous ici », a jugé une autre maman, accompagnée de sa fille de 14 ans, qui refuse de donner leurs noms et prénoms : « Ce serait dangereux pour elle et pour moi. » « C’est inadmissible, on a brûlé un lieu sacré », s’est-elle emportée : « Et c’est la quatrième fois, parce qu’il y a eu l’école primaire, la médiathèque, deux fois, et là, le collège ! » « L’année dernière, ils ont tiré des mortiers sur le collège ! », a-t-elle ajouté en regrettant que sa fille ne soit « pas en sécurité ». Cette mère célibataire se dit très « choquée ». « J’ai pleuré quand ma fille m’a dit pour l’incendie et qu’elle m’a demandé : comment on va faire ? »
En attaquant une école, les incendiaires s’en prennent « à ce qui permet aux autres de s’en sortir », a regretté M. Geffray, en confiant être partagé entre « la tristesse et la colère ». « La République est chez elle partout, l’école est chez elle dans toutes les écoles, collèges et lycées, ce n’est pas négociable », a-t-il insisté.
Le feu a causé d’importants dégâts et le collège devra pourtant rester fermé plusieurs mois pour travaux. Les stigmates ne sont pas trop visibles de l’extérieur, seuls des volets roulants en PVC semblent avoir été tordus sous l’effet de la chaleur.









9 commentaires
La solidarité des parents est touchante. Ils font ce qu’ils peuvent pour protéger leurs enfants. Espérons que les autorités tiendront leurs promesses.
Les mots rassurent, mais l’état des lieux reste inquiétant. Il faut des solutions durables.
Incendier un établissement scolaire, c’est un acte grave. Ce quartier a-t-il déjà connu de tels drames auparavant ?
Malheureusement, les violences dans ces zones sont fréquentes, mais là, c’est un niveau de gravité différent.
Un incendie criminel dans un collège, c’est vraiment déstabilisant. Comment les élèves vont-ils récupérer face à un tel événement ?
L’État promet de reconstruire, mais ça prendra du temps. Les enfants ont déjà trop subi.
Les trafics de drogue sont un fléau qui inquiète de plus en plus. Les familles doivent être rassurées rapidement.
La menace du narcotrafic semble partout. Est-ce que l’État peut vraiment faire reculer ce phénomène dans les zones sensibles ?
Les moyens sont annoncés, mais les résultats tardent. Les habitants ont besoin de voir des actes concrets.