Listen to the article
Pendant longtemps, Gerhard Richter, interrogé sur la fréquence des peintures à motifs guerriers dans la première moitié des années 1960, éludait la question. Ainsi, à propos de ses images de chasseurs Mustang et de bombardiers, nous avait-il répondu qu’il ne fallait y voir que son goût pour la mécanique et les moteurs. On ne l’avait pas cru, mais on n’avait pas obtenu mieux. Aujourd’hui, la question ne se pose plus : l’histoire du IIIe Reich a été décisive pour lui tout au long de sa vie.
En 2014, il a révélé les quatre toiles intitulées Birkenau, du nom du camp d’extermination nazi. Elles se fondent sur les photos du camp prises en août 1944 par un déporté, publiées et analysées en 2004 par Georges Didi-Huberman dans son livre Images malgré tout (Minuit), où Richter les a découvertes en 2008. Après avoir d’abord essayé d’agrandir les photos en grisaille selon sa méthode, il les a recouvertes sous des gris raclés et écrasés, avec de rares traces de rouge et de vert. Ces abstractions ne laissent rien voir des images originelles. L’obsession est là, mais enfouie sous la peinture abstraite.
Il vous reste 78.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.











11 commentaires
Les quatre toiles Birkenau sont caractéristiques de son approche abstraite. J’aurais aimé voir les photos originales pour comparer.
Les photos sont déjà assez dures, alors les abstractions de Richter rendent peut-être l’horreur plus supportable.
On comprend que Richter ait mis du temps à parler de l’influence du passé nazi sur son art. Le sujet est lourd et complexe.
Oui, c’est un défi de représenter l’histoire sans tomber dans le cliché ou le voyeurisme.
L’art abstrait est paradoxal pour évoquer des événements si concrets et tragiques. Comment Richter arrive-t-il à transmettre tant de choses sans montrer de détails explicites ?
C’est justement dans l’absence de détails que réside la force de son message.
La révélation de ces toiles en 2014 a-t-elle changé la perception de son œuvre dans l’art contemporain ?
Sans doute, cela a ajouté une dimension nouvelle à son travail, souvent perçu comme purement technique.
Cela me fascine comment l’art peut aborder des sujets aussi sombres et délicats. L’histoire de l’holocauste est universelle, et Richter semble la traiter avec une profondeur unique.
Effectivement, il est rare de voir une telle approche artistique sur ce thème.
La peinture est un médium puissant pour évoquer l’inexprimable.