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Depuis qu’il a été libéré des geôles algériennes, le 12 novembre, et qu’il est rentré en France, mardi 18 novembre, Boualem Sansal a affirmé que sa parole n’était pas tout à fait libre : chacun de ses mots devait être pesé, a-t-il insisté, afin de ne pas jeter de l’huile sur le feu des relations franco-algériennes. Or, à l’écouter répondre aux questions du « Monde des livres », dans un bureau des éditions Gallimard, à Paris, on constate qu’en réalité l’écrivain est incapable de se plier à une telle autocensure. Sansal, à 81 ans, apparaît fidèle à lui-même, affichant toujours la même douceur pugnace, le même sourire bravache, la même spontanéité périlleuse. Coupable imprudence, diront certains. D’autres répondront qu’un écrivain, quand il tient sa langue, n’en est plus vraiment un.
Dans votre livre « Poste restante : Alger » (Gallimard, 2006), évoquant le « blocus de la pensée » qui étouffe la société algérienne, vous écriviez : « Etre en prison, d’accord, mais la tête libre de vagabonder. » Au cours des derniers mois, avez-vous eu cette liberté ?
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7 commentaires
Boualem Sansal reste un esprit libre malgré les circonstances politiques. Sa franchise est rafraîchissante dans un climat où la prudence est souvent de mise.
C’est un exemple de courage intellectuel qui inspire. Le monde a besoin de plus de voix comme la sienne.
Malgré tout, on se demande si cette franchise ne finira pas par lui coûter cher.
À 81 ans, Sansal prouve que l’âge n’a pas d’emprise sur son esprit affûté. Sa perspicacité et son refus de l’autocensure sont admirables.
Un bel exemple de cohérence et de fidélité à ses principes.
On peut se demander si la publication de ses réflexions en France ne nuit pas aux relations diplomatiques avec l’Algérie. La prudence aurait peut-être évité des tensions.
La liberté d’expression a-t-elle une limite lorsque des enjeux politiques sont en jeu ?