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Le ministre de la défense américain, Pete Hegseth, en visite à Saint-Domingue, a obtenu, mercredi 26 novembre, que la République dominicaine prête des installations aéroportuaires à l’armée américaine dans le cadre de son déploiement antidrogue dans les Caraïbes et le Pacifique.
Cette coopération de la République dominicaine, fidèle alliée de Donald Trump, intervient alors que le président américain souffle le chaud et le froid sur la possibilité de frappes sur le territoire vénézuélien. Il a autorisé des actions clandestines de la CIA au Venezuela et rappelé qu’il n’excluait pas une intervention militaire, tout en assurant qu’il allait parler avec le chef de l’Etat vénézuélien, Nicolas Maduro.
« Nous avons autorisé les Etats-Unis, pour une durée limitée, à utiliser des espaces restreints dans la base aérienne de San Isidro et dans l’Aéroport international des Amériques (Saint-Domingue) pour des opérations logistiques d’avions de ravitaillement en carburant, de transport d’équipements et de personnel technique », a déclaré le président dominicain, Luis Abinader, lors d’une courte intervention aux côtés de M. Hegseth.
Les Etats-Unis ont déployé le plus grand porte-avions du monde dans les Caraïbes, ainsi qu’une flottille de navires de guerre et d’avions de chasse, dans le cadre d’opérations antidrogue, visant particulièrement le Venezuela. Ni le ministre américain ni le président dominicain n’ont mentionné le Venezuela.
Forte action contre les « narco-terroristes »
L’administration Trump a procédé, depuis septembre, à une vingtaine de frappes aériennes dans les Caraïbes et le Pacifique, tuant au moins 83 personnes.
« Je veux que ceux qui regardent et voient les bateaux de narco-terroristes exploser comprennent que nous prenons cette mission très au sérieux », a lancé M. Hegseth, utilisant l’expression « deadly serious » (mortellement sérieux). « Nous sommes également très sérieux dans la manière dont nous la menons. Nous avons les meilleurs renseignements, les meilleurs avocats, le meilleur processus pour savoir, à l’intérieur de ces réseaux, d’où ils partent, où ils vont, ce qu’ils transportent, quelles sont leurs intentions », a-t-il assuré. « Nous devons affronter les narco-terroristes et leurs activités illégales avec force et rapidité. C’est le seul langage qu’ils comprennent : la force et l’action rapide », a-t-il insisté, alors que de nombreux experts ont mis en doute la légalité des frappes aériennes contre des suspects n’ayant été ni interceptés ni interrogés.
Le procureur général vénézuélien Tarek William Saab a estimé mercredi qu’avec ces frappes, « nous sommes aux portes de l’extinction absolue du droit international », dénonçant des « actions en dehors de la loi ». « Ces actions [frappes] sont un bûcher dans lequel on brûle la Déclaration universelle des droits de l’homme signée le 10 décembre 1948, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen issue de la Révolution française il y a des siècles (…), toutes les constitutions du monde », a insisté M. Saab.
Le « Cartel de los Soles » au cœur des interrogations
Interrogé sur l’existence réelle du Cartel des soleils dont le président vénézuélien Nicolas Maduro serait, selon Washington, l’un des chefs, le procureur a estimé que ce cartel était « une création de la CIA ». M. Saab a ensuite cité de nombreux chiffres prouvant, selon lui, que son pays luttait efficacement contre le trafic de drogue, comme le clame aussi le président Nicolas Maduro.
Le « Cartel de los Soles » est une organisation dont l’existence reste à démontrer, selon de nombreux experts, qui évoquent plutôt des réseaux de corruption permissifs envers les activités illicites. Elle a été désignée lundi organisation terroriste par Washington.
La visite de M. Hegseth en République dominicaine succédait à celle, mardi, du chef d’état-major américain, le général Dan Caine, à Trinité-et-Tobago, petit archipel anglophone situé à une dizaine de kilomètres des côtes vénézuéliennes.
Le général s’est notamment entretenu avec la première ministre, Kamla Persad-Bissessar, autre alliée de Donald Trump dans la région.
Interrogée mercredi sur la rencontre par des journalistes, la dirigeante a répondu : « Vous n’allez pas le croire, mais la réponse est non (…) Le Venezuela n’a pas été mentionné hier. Nous étions concentrés sur la lutte contre le trafic, le trafic d’armes, la traite des êtres humains, ce sont les problèmes qui nous préoccupent. »








14 commentaires
Intéressant de voir comment la République dominicaine s’aligne sur les demandes américaines malgré les tensions actuelles.
C’est une politique pragmatique, mais cela pourrait avoir des conséquences sur les relations avec le Venezuela.
Cette nouvelle concours-t-elle à déstabiliser davantage la région ?
La mention d’une possible intervention militaire au Venezuela par les États-Unis est-elle une tactique de négociation ou une réelle menace ?
Probablement les deux, mais cela montre à quel point la situation est tendue.
Quels sont les intérêts derrière cette cooperation ? Sécurité ou stratégiques ?
Certainement les deux, mais surtout renforcer la position américaine dans la région.
Cette coopération entre les États-Unis et la République dominicaine est-elle vraiment nécessaire pour la lutte antidrogue dans les Caraïbes ?
Mais est-ce que cette présence militaire ne risque pas de déclencher des tensions avec d’autres pays de la région ?
Oui, les flux de drogue à travers les Caraïbes restent un enjeu majeur pour la sécurité régionale.
Les installations aéroportuaires dominicaines seront-elles suffisantes pour les besoins américains ?
Difficile à dire sans plus de détails sur les opérations prévues.
Les opérations logistiques descrites semblent limitées, mais on peut se demander jusqu’où ira cette coopération militaire.
Effectivement, la ligne rouge entre soutien logistique et intervention directe est parfois floue.