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La tentation est grande, face à l’essor de l’intelligence artificielle (IA), de croire que le monde se résume à un duel. D’un côté, l’hégémonie américaine, portée par des géants technologiques aux moyens colossaux ; de l’autre, la puissance chinoise, avec son modèle intégré et étatique. Entre les deux, l’illusion d’un choix : importer l’un ou l’autre, ou rester à quai.

Mais cette vision est fausse, et elle est dangereuse. Car une majorité de pays en Afrique, en Asie et en Amérique latine ne cherchent pas à se rallier à un camp. L’IA n’a pas besoin de nouveaux empires. Ce qu’ils veulent est plus simple : moderniser leurs administrations, leurs systèmes de santé, d’éducation ou d’agriculture, tout en conservant la capacité de décider. Etre souverains sans être seuls, être ouverts sans être vulnérables. Et obtenir des résultats concrets, visibles, rapides, quand l’IA devient un critère de crédibilité publique et quand les citoyens jugent l’Etat à l’aune de services plus justes et plus efficaces.

Les pays qui cherchent cette troisième voie partagent un diagnostic commun. D’abord, ils doivent déployer l’IA à grande échelle, dans les classes, les cliniques, les ministères, les exploitations agricoles, car la compétitivité et la qualité de vie de leurs citoyens en dépendent. Deuxièmement, ils sont trop dépendants de quelques infrastructures étrangères (« nuages » et modèles d’IA avancés), ce qui pèse sur la capture de valeur et les rend vulnérables à une pression géopolitique – par exemple, une désactivation à distance de systèmes critiques, si la géopolitique se tend.

Troisièmement, ils prennent la souveraineté au sérieux : la souveraineté numérique est l’art de « dérisquer », c’est-à-dire de diversifier les fournisseurs, de protéger les citoyens et les entreprises, de préserver la décision nationale, sans céder à l’illusion d’une autarcie technologique impossible. Enfin, loin d’être démunis, ces pays ont des atouts, si on les organise : des données ancrées dans leurs langues et leurs cultures, des marchés qui comptent, du talent, une jeunesse technophile et inventive.

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6 commentaires

  1. L’IA comme levier de développement national plutôt que comme nouvel outil de domination économique ? Une perspective rafraîchissante.

  2. Intéressant de voir comment les pays en développement pourraient contourner la domination des géants de l’IA en misant sur des solutions souveraines.

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