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Comme tout avocat aguerri, Marcel Baldo, 65 ans, a l’habitude d’entendre des décisions de justice parfois déplaisantes. Cela fait partie des rudesses du métier. Mais vendredi 12 décembre, il ne s’est pas déplacé pour écouter la décision de la 14chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris. L’affaire jugée le concernait pourtant tout particulièrement : pour la première fois de sa longue carrière, il figurait dans un dossier comme mis en cause et non comme avocat.

Son absence, vendredi, est restée inexpliquée. Peut-être n’avait-il guère de doutes sur le fait qu’il serait condamné. Craignait-il d’assister à l’annonce d’une « mort professionnelle » qu’il disait tant redouter, en cas de peine d’interdiction d’exercer prononcée à son encontre ? Toujours est-il que la présidente l’a déclaré coupable de « recel » de trois œuvres d’art, dont un bronze de Fernando Botero, et de « blanchiment » – il a été partiellement relaxé pour cette dernière infraction.

Les juges l’ont condamné à deux ans de prison avec sursis, à une amende de 50 000 euros, ainsi qu’à une interdiction d’exercer la profession d’avocat pour une durée de deux ans. La peine ayant été prononcée sans exécution provisoire, un éventuel appel, qui peut être formulé dans un délai de dix jours, serait suspensif. Marcel Baldo pourrait donc continuer à porter sa robe noire, dans l’attente d’un nouveau procès.

Bruno Ordon, lui, était bien présent lors du jugement. Pull bleu turquoise, les cheveux blancs coupés ras, s’appuyant sur une béquille, il a écouté la magistrate énumérer sa condamnation : deux ans de prison, sous la forme d’une assignation à résidence sous bracelet électronique, pour le vol de quatre œuvres, dont Maternity, la sculpture de Fernando Botero ; interdiction, sur la même période, d’entrer en contact avec Marcel Baldo ; et une obligation de soins. La galerie Bartoux, à Paris, où avait été dérobée Maternity, n’a commis « aucune faute », a estimé le tribunal, et les deux hommes devront lui payer 5 000 euros au titre du préjudice d’image.

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9 commentaires

  1. Intéressant de voir comment cela se passe dans les milieux judiciaires quand c’est un des leurs qui est mis en cause. Leur système est-il plus clément ?

  2. Décidément, le monde de l’art et du droit semble parfois bien trouble. Quels motifs ont poussé un avocat réputé à s’engager dans de telles pratiques ?

  3. On parle beaucoup de l’affaire, mais qu’en est-il des conséquences pour les galeristes ou collectionneurs qui ont pu être impliqués ?

  4. Claire K. Moreau le

    Les détails du procès sont fascinants, mais une question reste : comment des œuvres d’une telle valeur ont-elles pu être utilisées dans des opérations de blanchiment ?

  5. Une condamine bien méritée pour Marcel Baldo, mais on peut se demander comment des œuvres d’art de cette valeur ont pu être détournées sous son nez.

  6. Une peine sévère, mais peut-être nécessaire pour rétablir la confiance dans la profession. Dommage pour un avocat d’une longue carrière.

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