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Le 27 octobre 2005, deux adolescents, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, cherchent à échapper à un contrôle de police à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Se réfugiant dans un transformateur électrique EDF, ils meurent électrocutés. Durant plus de deux semaines, de violentes émeutes secouent la banlieue parisienne et des dizaines de villes en France. Pour y mettre fin, le gouvernement décrète l’état d’urgence − pour la première fois depuis la guerre d’Algérie.
Enseignant à l’université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis, Fabien Truong est sociologue, spécialiste des banlieues et de la jeunesse. Il a notamment écrit Loyautés radicales (La Découverte, 2022). Coauteur avec Gérôme Truc de Grands ensemble (La Découverte, 380 pages, 22 euros), il a mené une enquête qui a duré dix ans sur la vie des habitants de Grigny (Essonne).
Y a-t-il eu un avant et un après-2005 dans la perception que nous avons de la banlieue ?
Vingt ans après, rien n’a changé dans les médias de masse. Pire, le discours caricatural sur les banlieues en France s’est enkysté. Car, ce qui a vraiment basculé depuis 2005, c’est le traitement médiatique et politique des quartiers populaires, qui se fait dorénavant majoritairement sous le prisme du fait divers. Les images produites à la suite des émeutes, de voitures qui brûlent, d’une jeunesse en révolte, ont été instrumentalisées par les médias de masse et nombre de politiques : elles renforcent l’imaginaire de la banlieue comme étant inassimilable. Cette mise en avant systématique du fait divers finit par faire croire aux personnes extérieures que les jeunes de banlieue sont tous dangereux.
Que représente la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré dans la mémoire des quartiers populaires ?
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17 commentaires
Le traitement médiatique des banlieues reste problématique, comme le montre cet article. Les clichés semblent encore dominer le débat.
C’est vrai, les représentations stéréotypées persistent malgré les années.
Le traitement médiatique des quartiers populaires est toujours aussi réducteur. Les stéréotypes semblent inébranlables.
Est-ce que les médias ont peur de montrer la complexité de ces territoires ?
Les banlieues méritent mieux que des clichés. Il est temps d’aborder ces sujets avec plus de finesse.
Ces émeutes de 2005 ont marqué un tournant dans les relations entre les banlieues et les institutions en France. Vingt ans plus tard, on peut se demander si les leçons ont été tirées.
Il serait temps d’avoir un discours plus constructif sur ces enjeux.
Les médias et la politique ont souvent une approche caricaturale des quartiers populaires, ce qui ne favorise pas les solutions.
Intéressant de voir comment le discours sur les banlieues a évolué, ou plutôt stagné, depuis 2005. Les progrès semblent minces.
Les politiques ont-ils vraiment pris la mesure de la situation ?
Le discours sur les banlieues est toujours aussi caricatural. Les médias et les politiques devraient faire plus d’efforts pour être plus nuancés.
Vingt ans après, les leçons de 2005 n’ont pas été tirées. La banlieue reste un sujet mal compris par les médias et la classe politique.
Les solutions demandent un vrai engagement, pas seulement des promesses.
Cet article rappelle que les éclipses sociales persistent dans les médias. Les banlieues continuent d’être simplifiées à l’extrême.
Les reportages de terrain pourraient contribuer à une meilleure compréhension.
La mort de Zyed et Bouna a déclenché une prise de conscience éphémère. Aujourd’hui, le discours sur les quartiers populaires reste figé.
Pourquoi les changements sont-ils si lents ?