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La revue des revues. Dans le sillage des attentats djihadistes en Occident et à la faveur d’une profusion de fictions, de documentaires et de séries à succès – telles que Homeland (2011), The Americans (2013) ou Le Bureau des légendes (2015) –, la figure de l’espion semble redevenue centrale dans les sociétés libérales, notamment en France.
Bien que le monde de l’espionnage conserve une réputation entre fascination et répulsion, de plus en plus d’instituts et d’universités françaises proposent des cours sur le renseignement à leurs étudiants. Quant au concours d’entrée à la direction générale de la sécurité extérieure, il attire un nombre toujours croissant de candidats.
L’espion est bel et bien à la mode, mais il manquait encore une publication régulière capable d’en couvrir tout le spectre. Ce vide semble désormais comblé avec le lancement, en 2025, de la Revue de recherche sur le renseignement, dont le troisième numéro vient de paraître. Editée par le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et Mareuil Editions – spécialisées dans les travaux consacrés au renseignement et à l’espionnage –, cette revue à parution trisannuelle propose dans son dernier opus un dossier intitulé « Légendes et secret dans le renseignement ». Les deux précédents numéros avaient exploré « Les femmes dans le renseignement » (no 1) et « Le renseignement en temps de guerre » (no 2).
Sans caricature ni sensationnalisme
Entouré d’un comité de rédaction étoffé et d’un conseil scientifique international, Michel Guérin, le rédacteur en chef de la revue et ancien haut responsable de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), évite la caricature et le sensationnel. La revue valorise les travaux de recherche académique, les recensions d’ouvrages spécialisés et consacre un entretien poussé par numéro. Alex Berger, producteur du Bureau des légendes, s’est prêté à l’exercice dans la troisième livraison, sur le rapport de moins en moins étanche entre espions et fictions, et avec quelques insinuations sur une possible suite aux aventures de « Malotru » (Mathieu Kassovitz).
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7 commentaires
L’espionnage entre fascination et répulsion? Je ne suis pas sûr que cette dichotomie soit aussi tranchée. Beaucoup préfèrent simplement ignorer le sujet, par ignorance ou par curiosité refoulée.
Vous avez raison, c’est plus complexe. La méconnaissance domine souvent, mais cela change progressivement.
Une revue spécialisée sur le renseignement, enfin! Cela manquait, surtout dans un contexte géopolitique aussi tendu.
Exactement, et le CNAM est un éditeur crédible. Espérons que ce genre d’initiative se développe.
Intéressant de voir l’essor de l’intérêt pour l’espionnage, même en France. Est-ce un effet de la pop culture ou une réelle prise de conscience de son importance stratégique?
Oui, les concours et formations se multiplient. Peut-être que cela reflète aussi une quête de sens dans des carrières secrètes.
Un peu des deux, je pense. Les séries ont rendu le sujet plus accessible, mais les menaces actuelles renforcent aussi la nécessité de comprendre ces enjeux.