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LETTRE DU ROYAUME-UNI
Avec son centre-ville plein de touristes, son port réhabilité et son sculptural musée Titanic, Belfast, la capitale d’Irlande du Nord, semble avoir conjuré les fantômes du passé. Les apparences sont trompeuses. Près de vingt-huit ans après le traité de paix du Vendredi saint ayant mis fin aux « Troubles » – l’euphémisme utilisé au Royaume-Uni pour désigner les années de guerre civile entre 1969 et 1998 –, les plaies sont encore à vif entre les communautés loyalistes, en faveur du maintien de la province au sein du Royaume-Uni, et les nationalistes qui militent pour la réunification de l’Irlande. Elles se rouvrent régulièrement, quand arrive l’anniversaire d’un attentat par exemple. Ce fut aussi le cas le 9 décembre, quand a été publiée la version finale du rapport Kenova.
Kenova est le nom donné à une enquête indépendante commencée en 2016 par la police britannique portant sur un des épisodes les plus dérangeants des « Troubles » : en l’occurrence les activités criminelles de « Stakeknife », le nom de code du principal agent double de l’armée britannique. Il était infiltré dans la hiérarchie de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), laquelle a multiplié les attentats, causant la mort de près de 2 000 civils et militaires. Les enquêteurs de Kenova ont ainsi documenté le parcours de Stakeknife et ils ont tenté de comprendre pourquoi l’armée britannique l’avait protégé, l’autorisant même à tuer d’autres informateurs ou des innocents.
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3 commentaires
Intéressant de voir comment un rapport historique peut réactiver des divisions ancrées. Espérons que cela serve à prévenir de futures violences.
Les tensions entre loyalistes et nationalistes montrent que la paix reste fragile. Un sujet qui mérite une attention internationale.
Ce rapport Kenova ravive des tensions toujours présentes en Irlande du Nord. On dirait que l’oubli et la réconciliation sont encore loin.