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Les Etats-Unis ont saisi, samedi 20 décembre, un nouveau pétrolier au large du Venezuela, quelques jours après la mise en place par Washington d’un blocus naval visant à accentuer la pression économique sur Caracas.

« Lors d’une opération menée avant l’aube ce matin du 20 décembre, les garde-côtes américains, avec le soutien du ministère de la guerre, ont intercepté un pétrolier qui avait accosté pour la dernière fois au Venezuela », a annoncé sur X la ministre de la sécurité intérieure américaine, Kristi Noem. « Les Etats-Unis continueront de traquer les déplacements illicites de pétrole sous sanctions, utilisés pour financer le narcoterrorisme dans la région. Nous vous trouverons et nous vous arrêterons », a ajouté Mme Noem dans son post. Son message était accompagné d’une vidéo montrant notamment un soldat débarquer sur le pont d’un navire depuis un hélicoptère.

En début de semaine, le président américain Donald Trump a annoncé la mise en place d’un « blocus total » contre des pétroliers sous sanctions se rendant ou partant du Venezuela et a déclaré dans une interview diffusée vendredi qu’il n’écartait pas la possibilité d’une guerre avec ce pays.

Son administration exerce une forte pression sur Caracas depuis des mois, cherchant à pousser au départ le président Nicolas Maduro, que Washington accuse d’être à la tête d’un vaste réseau de narcotrafic. L’intéressé dément, et assure que Washington cherche à le renverser pour s’emparer du pétrole vénézuélien, principale ressource du pays. Les forces américaines avaient déjà saisi la semaine dernière un pétrolier au large du Venezuela, une opération qualifiée par Nicolas Maduro de « piraterie navale ».

Les Etats-Unis « désespérés », dit le Venezuela

Sollicités par l’Agence France-Presse (AFP) à propos de cette opération, les garde-côtes américains et le Pentagone ont renvoyé vers la Maison Blanche, qui n’a pas répondu dans l’immédiat. Selon le New York Times, le navire saisi samedi par les forces américaines battait pavillon panaméen et transportait du pétrole vénézuélien appartenant à une compagnie chinoise.

Le Venezuela avait affirmé mercredi que le blocus naval imposé par les Etats-Unis n’affectait pas ses exportations pétrolières. Soumis à un embargo américain depuis 2019, le pétrole vénézuélien est écoulé sur le marché noir à des prix inférieurs à ceux du marché, à destination notamment de la Chine. Pour justifier la mise en place du blocus, qui a fait monter les prix du pétrole, Donald Trump a affirmé que le Venezuela utilisait cette ressource pour financer « le narcoterrorisme, la traite d’êtres humains, les meurtres et les enlèvements ».

Les Etats-Unis ont déployé depuis cet été un important dispositif militaire dans les Caraïbes, et bombardé des embarcations en provenance du Venezuela au nom de la lutte contre le narcotrafic, des opérations à la légalité mise en doute par des experts, ONG et responsables des Nations unies. Ces opérations ont tué au moins 104 personnes dans les Caraïbes et le Pacifique.

L’administration de Donald Trump n’a jamais fourni la moindre preuve que les navires visés étaient effectivement impliqués dans un quelconque trafic. En parallèle, le président américain agite depuis des semaines la menace d’une intervention terrestre.

Les tensions entre les deux pays se sont imposées samedi à l’agenda du sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu, au Brésil. Le président brésilien Lula a mis en garde contre une « catastrophe humanitaire » en cas de conflit armé au Venezuela, alors que son homologue argentin Javier Milei a pour sa part salué « la pression » de Washington sur Caracas.

Les Etats-Unis « sont déchaînés », a pour sa part dénoncé le ministre de la défense vénézuélien Vladimir Padrino samedi, lors d’un événement public à Caracas. « Ils sont désespérés – un désespoir très dangereux – mais cela ne nous intimidera pas », a-t-il assuré.

Soutien de l’Iran au Venezuela

Samedi, le Venezuela a aussi affirmé que l’Iran lui avait proposé sa coopération « dans tous les domaines » pour lutter contre « la piraterie et le terrorisme international » des Etats-Unis, à la suite d’un appel téléphonique entre les ministres des affaires étrangères des deux pays. L’Iran est l’un des principaux alliés de Nicolas Maduro.

La conversation avec le chef de la diplomatie iranienne a porté sur « les événements récents dans les Caraïbes, en particulier les menaces, les actes de piraterie des Etats-Unis et le vol de navires transportant du pétrole vénézuélien », a écrit le ministre des affaires étrangères vénézuélien, Yván Gil.

« Le Venezuela a reçu une preuve de solidarité totale de la part du gouvernement de la République islamique d’Iran, ainsi que son offre de coopération dans tous les domaines pour lutter contre la piraterie et le terrorisme international que les Etats-Unis cherchent à imposer par la force », a-t-il souligné, après son échange avec son homologue iranien, Abás Araqhchi.

L’Iran a déjà aidé le Venezuela en lui fournissant du carburant, des denrées alimentaires et des médicaments. La Chine et la Russie, autres pays alliés du Venezuela, ont également exprimé leur solidarité avec le président Maduro face au déploiement militaire américain.

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10 commentaires

  1. Les gardes-côtes américaine sont de plus en plus actifs dans cette région. Combien de pétroliers ont été saisis jusqu’à présent ?

  2. Les États-Unis parlent de ‘narcoterrorisme’, mais n’est-ce pas surtout une façon de justifier leur intervention dans une crise politique interne ?

  3. Ce blocage semble avant tout destiné à bloquer les revenus pétroliers du Venezuela. Intéressant de voir comment la Chine et la Russie réagiront.

  4. La tactique du blocus naval rappelle des méthodes utilisées dans des conflits passés. Les sanctions économiques semblent être la priorité pour Washington.

  5. Chloé A. Moreau le

    C’est inquiétant de voir les tensions monter entre les États-Unis et le Venezuela. Est-ce que ce blocus pourrait effectivement mener à un conflit plus large ?

    • Trump a déjà évoqué des menaces militaires, donc c’est une possibilité réelle. Mais une escalade ouverte semble peu probable pour l’instant.

  6. Une vidéo d’intervention militaire pour accompagner l’annonce, ça fait très 20e siècle non ? L’Amérique cherche clairement à montrer ses muscles.

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