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Le 8 décembre 2024, au lendemain de la fuite nocturne de Bachar Al-Assad vers Moscou, la Syrie s’éveillait sur une aube nouvelle, débarrassée d’un régime familial autoritaire vieux de plus de cinquante ans. Ce même jour, l’ouverture des prisons – de Damas à Alep, de Hama à Deraa – dévoilait l’ampleur d’un réseau carcéral omniprésent et tentaculaire, que la littérature syrienne et plusieurs rapports accablants d’organisations de défense des droits humains avaient déjà partiellement révélé.
Hérité des geôles d’Hafez Al-Assad (1970-2000) et renforcé sous la présidence de son fils Bachar (2000-2024), depuis le soulèvement populaire de mars 2011, ce système concentrationnaire comptait plus de 128 centres officiels et clandestins répartis dans tout le pays. Des centaines de milliers de civils – hommes, femmes, enfants, militants, étudiants, soignants – furent arbitrairement raflés aux checkpoints, lors de raids nocturnes à domicile ou pendant des manifestations. Dans ces centres de détention, les conditions étaient misérables, la torture systématique et les exécutions massives. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, environ un million de Syriens y ont été incarcérés entre 2011 et 2024, dont plus de 150 000 femmes. Au moins 200 000 d’entre eux n’en sont pas revenus. Aujourd’hui encore, de nombreuses familles guettent en vain leur retour.
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10 commentaires
Comment est-il possible qu’un régime puisse maintenir un tel système pendant si longtemps sans être condamné par la communauté internationale ?
La géopolitique complique souvent les choses, mais cela ne justifie en rien ces crimes.
Ces révélations rappellent l’importance de documenter les abus des droits humains, même dans des chaos politiques comme celui de la Syrie.
Totalement d’accord, la mémoire historique est cruciale pour éviter que l’histoire ne se répète.
Je suis sceptique quant à l’ouverture des prisons. Combien de responsables de ces atrocités seront vraiment jugés ?
C’est une question légitime, la transition vers la justice reste fragile.
Les témoignages de ces anciens prisonniers syriens sont déchirants, mais essentiels pour comprendre l’ampleur des crimes commis sous le régime d’Assad.
Absolument, chaque voix compte pour établir la vérité et rendre justice.
Cette chute du régime aurait-elle pu être évitée si la communauté internationale avait agi plus tôt ?
C’est un débat complexe, mais les signes avant-coureurs étaient nombreux.