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Le soutien du président des Etats-Unis aux monnaies privées – notamment aux jetons numériques dits « stables », adossés au dollar – représente peut-être son plus grand défi à l’ordre international existant et notamment à l’Europe. Dans une tribune diffusée fin septembre par la Banque de France, Agnès Bénassy-Quéré, seconde sous-gouverneure de l’institution, parle d’un « enjeu de souveraineté » pour qualifier la dépendance de la France, et, plus largement, celle de l’Europe, envers des outils privés de paiement, qui sont essentiellement états-uniens : les réseaux de cartes de débit/crédit dominants aujourd’hui, les monnaies numériques (jetons ou monnaies des Gafam) demain.
Parmi toutes les fonctions de la monnaie, celle de paiement est souvent minorée, tant elle semble aller de soi. Pourtant, les transformations des moyens de paiement ont toujours reflété la tension, inhérente à la monnaie, entre l’initiative privée et l’action publique comme entre les niveaux national et international. Sur le temps long, les autorités publiques ont mieux réussi à imposer l’usage d’unités de compte dans les contrats – comme en France, dès le XIVe siècle – qu’à contrôler les moyens de paiement, largement laissés à l’initiative privée. C’était bien sûr le cas des lettres de change ou des dépôts bancaires, réservés au monde marchand.
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15 commentaires
Les captures d’écran du XXe siècle montrent à quel point les systèmes de paiement ont toujours été un enjeu stratégique. La situation n’a pas vraiment changé.
Vrai. La seule différence, c’est que les acteurs privés ont désormais une échelle mondiale.
Intéressant article sur la souveraineté monétaire. Les enjeux autour des systèmes de paiement sont cruciaux pour l’indépendance économique.
Absolument, l’Europe doit absolument développer ses infrastructures pour éviter la domination des géants américains.
Les GAFAM veulent-ils vraiment contrôler nos économies ? La question mérite d’être approfondie.
Les États-Unis poussent clairement pour leurs propres intérêts avec les cryptos stables. L’Europe doit réagir.
C’est une question de souveraineté financière, pas seulement de technologie.
Pourquoi les États-Unis soutiennent-ils autant les cryptos stables ? Cherchent-ils à affaiblir l’euro ?
C’est une stratégie économique claire, mais elle a des conséquences géopolitiques complexes.
Un léger optimisme: malgré les défis, l’Europe a une longue histoire de protection de sa monnaie, elle peut encore innover.
Les exemples historiques sont encourageants, mais les acteurs privés sont désormais plus puissants que jamais.
La dépendance aux GAFAM pour les paiements est un problème économique, mais aussi une question de liberté individuelle.
Totalement d’accord. La centralisation des données est un autre problème majeur.
Les équipements publics ont souvent échoué à réguler les moyens de paiement. Pourquoi cela changerait aujourd’hui ?
Parce que la technologie offre de nouvelles opportunités et que l’enjeu est stratégique.