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« Il faut laisser la justice faire son travail », avançait le garde des sceaux, Gérald Darmanin, le 6 novembre, interrogé à propos des images publiées la veille par Mediapart et Libération. Celles-ci montraient des ordres et des tirs potentiellement non conformes, réalisés par des gendarmes lors des affrontements survenus à Sainte-Soline, le 25 mars 2023. Mais en évoquant le travail de la justice, M. Darmanin fait mine d’oublier que l’administration qu’il dirigeait à l’époque des faits, le ministère de l’intérieur, n’a peut-être pas fait le sien. Et si l’actuel locataire de Beauvau, Laurent Nuñez, a annoncé, le jour même des révélations, une enquête administrative, il lui a fallu répondre à une question : comment expliquer ce délai de deux ans et demi avant le lancement de cette enquête interne ?
« Les caméras-piétons des policiers, elles, sont remisées au service, elles ne sont pas regardées, sauf quand il y a des enquêtes judiciaires », a tenté d’expliquer M. Nuñez, qui dit avoir découvert ces images par voie de presse. Il s’est voulu pédagogue : puisque les enquêteurs chargés des investigations judiciaires, qui appartiennent à l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), se sont saisis de ces images, les copies qu’ils ont obtenues sont protégées par le secret de l’enquête. Il leur était donc légalement impossible de les transmettre à leur hiérarchie pour que celle-ci ouvre une enquête administrative.
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7 commentaires
Les images de ces tirs non conformes sont choquantes. Comment peut-on laisser passer une telle situation pendant autant de temps ?
La passivité des autorités est inacceptable. Ces images méritaient une réaction immédiate.
Si les caméras-piétons ne sont pas consultées, à quoi bon les installer ? Cela rappelle d’autres affaires où des preuves ont été ignorées.
Exactement. Ces équipements devraient être utilisés systématiquement pour éviter les dérives.
La lenteur de cette enquête administrative soulève des questions sur la transparence des institutions. Pourquoi autant de temps pour agir ?
La gendarmerie aurait-elle voulu éviter une enquête trop approfondie ? C’est suspect.
Les procédures administratives sont souvent complexes et longues. Mais deux ans et demi, c’est effectivement problématique.