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Mille sept cents ans après le concile qui s’est tenu à Nicée (près de la ville d’Iznik, dans l’actuelle Turquie) à l’initiative de l’empereur Constantin, en 325, le pape Léon XIV va célébrer cet événement qu’il considère comme capital dans l’histoire de l’Eglise. Les évêques d’alors y avaient formulé d’une manière intangible la foi officielle des chrétiens, à savoir que Jésus est Dieu, fils unique de Dieu, de même substance que son Père, donc omniscient et tout-puissant.
Le pape et les évêques affirment que la foi chrétienne se définit toujours aujourd’hui dans le même langage qu’en 325. Derrière cet anniversaire se cache pourtant un enjeu philosophique et théologique réel quant à nos représentations du divin.
Comment le Credo a-t-il été formulé en 325 ? A cette époque, les représentations de Dieu et de Jésus n’avaient rien d’uniforme. Parmi les différentes Eglises répandues dans l’Empire romain, chacune avait son autonomie, exprimant dans la culture grecque du temps sa lecture de « l’événement Jésus ».
Lorsque en 313, avec l’édit de Milan, Constantin accorde aux chrétiens les mêmes droits qu’aux croyants des autres religions, les Eglises se divisent autour de deux visions de Jésus. Les unes utilisent les quelques références du Nouveau Testament désignant Jésus comme un être divin et affirment en conséquence sa divinité pleine et entière. Les autres, se réclamant de la pensée du prêtre Arius, réfutent au contraire cette divinisation.
Profession de foi unique
Or pour l’empereur, soucieux d’ordre social, le phénomène chrétien ne peut pas se présenter sous des visages différents : il lui faut une profession de foi unique. Il ordonne aux évêques de s’accorder sur une seule définition de leur foi. Le 23 mai 325, Constantin préside le concile de Nicée. Environ 300 évêques s’y trouvent réunis. Les ariens sont nombreux, mais les adversaires de l’arianisme sont majoritaires. Constantin, lui, est acquis aux thèses de ces derniers.
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9 commentaires
Un article intéressant qui soulève des questions profondes sur la pertinence des doctrines anciennes dans un monde moderne. La foi chrétienne a-t-elle évolué autant que la société?
D’accord, mais les principes fondamentaux restent les mêmes. La question est de savoir comment les interpréter aujourd’hui.
La foi se répète depuis des siècles, mais la façon dont elle est vécue a forcément changé.
Le Credo de Nicée est un pilier historique, mais est-ce toujours cohérent avec les questions existentielles d’aujourd’hui ?
Probablement pas, mais cela ne signifie pas qu’il perd sa valeur. C’est une base sur laquelle on peut s’appuyer.
L’histoire de l’Église est fascinante, mais il est crucial de l’approcher avec un esprit critique. Ce n’est pas parce que c’est ancien que c’est infaillible.
Un débat passionnant sur la nature du divin. Même si les mots sont anciens, leur sens peut-il être universel ?
Comment équilibrer la tradition et le dialogue contemporain dans un contexte religieux aussi ancien que celui-ci ?
Je me demande comment les jeunes générations perçoivent ce genre de célébrations ecclésiastiques. Cela les touche-t-il encore ?