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Les projets de compensation carbone dans les forêts de République démocratique du Congo (RDC) sont minés par des « illégalités généralisées » et « exacerbent le risque » de violations des droits des communautés locales, affirme un rapport de l’ONG britannique Rainforest Foundation UK (RFUK) publié mardi 14 octobre.
Avec ses vastes forêts et tourbières qui absorbent des quantités importantes de CO₂ chaque année, la RDC se positionne comme un « pays solution » face à la crise climatique mondiale et a vu proliférer des projets de compensation carbone destinés aux entreprises. L’étude de RFUK révèle « des illégalités généralisées dans l’attribution des projets, des violations des droits humains et d’autres impacts qui sapent les efforts visant à promouvoir une gestion forestière efficace ».
Les projets forestiers de captation du carbone « causent des préjudices sociaux, sapent la cohésion sociale et exacerbent les risques de conflits intra et intercommunautaires, d’appropriation par les élites et de violations des droits humains », écrivent les auteurs de ce rapport, qui ont effectué plusieurs missions sur le terrain entre mai et août 2024. Il existe selon eux « peu de preuves d’avantages concrets pour les populations locales en termes de revenus, d’opportunités économiques ou d’amélioration des moyens de subsistance », et les « financements promis parviennent rarement jusqu’au niveau local ».
Opacité
L’étude pointe « un manque flagrant de respect » du consentement des communautés affectées et l’opacité du secteur.
Les chercheurs de RFUK disent avoir identifié 71 projets de compensation carbone forestière couvrant environ « 103 millions d’hectares », soit près de la totalité des forêts tropicales du pays. Mais selon eux, « d’autres accords portant sur plus de 80 millions d’hectares, dont l’emplacement géographique n’est pas spécifié, ont été signés entre les autorités gouvernementales et des investisseurs privés, beaucoup d’entre eux risquant de se chevaucher sur des projets existants ».
Parmi les acteurs du secteur figurent d’anciennes sociétés d’exploitation forestière ayant reconverti leurs concessions, soulevant des questions sur la valeur réelle de ces projets, beaucoup de ces forêts ayant déjà été déboisées, souligne le rapport. Face à cette situation, l’ONG britannique appelle les autorités congolaises à imposer un moratoire sur les nouveaux projets de compensation carbone forestière et les concessions de conservation. Les crédits carbone sont perçus comme un outil indispensable pour empêcher la destruction des forêts tropicale, mais de nombreux projets ont été accusés de vendre des crédits sans valeur à travers le monde.
11 commentaires
Ces accusations contre les projets de compensation carbone en RDC sont préoccupantes. Il est crucial de garantir une transparence totale pour protéger à la fois l’environnement et les communautés locales.
Pourtant, la RDC a un potentiel immense pour la lutte contre le changement climatique.
Absolument. La compensation carbone ne doit pas servir de couverture à des abus.
Les entreprises doivent être plus vigilantes dans le choix de leurs partenaires locaux pour éviter ces dérives.
Ces illégalités soulèvent des questions sur l’efficacité réelle des mécanismes de compensation carbone.
Le manque de régulation est un problème récurrent dans ce secteur.
Les gouvernements et les ONG doivent collaborer pour renforcer les garde-fous contre ces abus.
Si les droits des communautés locales ne sont pas respectés, ces projets perdront toute légitimité.
Le développement durable doit inclure une dimension sociale forte.
Une enquête indépendante serait nécessaire pour faire toute la lumière sur ces accusations.
Les forêts congolaises sont un bien commun à préserver. Ces projets ne devraient pas aggraver les tensions.