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Deux mois après le sommet de Charm El-Cheikh (Egypte), le 13 octobre, au cours duquel Donald Trump a annoncé une « paix durable » au Proche-Orient, le doute s’installe et pour de bonnes raisons. Le plan vanté par le président des Etats-Unis est en effet encalminé depuis la libération des derniers otages israéliens qui y étaient retenus et l’arrêt des bombardements massifs qui ont anéanti Gaza.

L’armée israélienne continue d’occuper la moitié d’un étroit territoire transformé en champ de ruines, où plus de 2 millions de Palestiniens survivent à grand-peine dans des conditions indignes. La bande de terre, à laquelle Israël interdit toujours l’accès libre à la presse, continue de monopoliser l’attention, au point de faire écran face à la terreur à bas bruit imposée en Cisjordanie par les colons israéliens extrémistes qui y sévissent, comme par une armée d’occupation en pleine dérive.

Le constat minutieusement dressé par Le Monde le 10 décembre est implacable. Jamais le plus grand territoire palestinien n’a expérimenté un tel niveau de violence de la part d’Israël, enterré autant de morts, recensé autant de blessés, de prisonniers, souvent soumis aux mauvais traitements, et de destructions. L’attitude de l’armée, face aux exactions toujours plus nombreuses et toujours plus sanglantes des colons, traduit le poids grandissant des sionistes religieux parmi les officiers, dont une partie ont été formés dans des préparations militaires implantées au cœur de la Cisjordanie. En parallèle, la colonisation, qui tronçonne toujours plus ce territoire et transforme en enfer chaque déplacement en enfer pour les Palestiniens, progresse inexorablement. L’Autorité palestinienne, réduite au rang de supplétive de l’armée d’occupation, achève de s’y discréditer.

Cette inflexion remonte à avant les massacres du 7-Octobre perpétrés près de Gaza par les miliciens du Hamas, que l’organisation de défense des droits humains Amnesty International a qualifiés pour la première fois de « crimes contre l’humanité », jeudi 11 décembre. Elle a suivi l’arrivée, au sein de la coalition formée par Benyamin Nétanyahou, il y a trois ans, de deux partis d’extrême droite, suprémacistes et racistes. Leur objectif assumé est l’annexion de la Cisjordanie, voire le « transfert », c’est-à-dire, en droit humanitaire international, la déportation des Palestiniens qui y vivent. Mais cette politique de la terreur est également assumée par l’ensemble de la coalition au pouvoir. Et elle ne suscite guère de protestations de la part des partis qui se disent opposés à Benyamin Nétanyahou, alors que l’opinion publique israélienne, une fois de plus, regarde ailleurs.

Ce très sombre tableau devrait susciter la plus grande inquiétude parmi les responsables qui se sont pressés autour de Donald Trump il y a deux mois en Egypte. Il n’en est pourtant rien. Le plan de paix présenté à cette occasion faisait d’ailleurs l’impasse sur la Cisjordanie, en dépit de l’enjeu qu’elle représente pour la création d’un Etat palestinien. Partout, on semble se contenter que les habitants de Gaza ne meurent plus quotidiennement par dizaines sous les bombes israéliennes, et considérer la machine destructrice lancée à l’assaut de la Cisjordanie comme une simple contrariété. Parler de paix, si c’est bien l’objectif, exige pourtant d’ouvrir les yeux, de dénoncer la terreur imposée à un territoire sur lequel l’Etat hébreu n’a aucun droit, et d’exiger qu’elle cesse. Au plus vite.

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14 commentaires

  1. Interdire l’accès des médias à Gaza et à la Cisjordanie est une tactique de plus en plus utilisée pour étouffer les voix critiques.

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