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Depuis quelques années, les collectionneurs de grands crus sont la proie des malfaiteurs. Lorsque, après s’être fait voler de coûteuses bouteilles, ils n’obtiennent pas de leur assureur qu’il les indemnise, ils subissent, tel M. X, une double peine.
Le 26 décembre 2018, celui-ci découvre que sa villa a fait, en son absence, l’objet d’un cambriolage avec effraction. Il porte plainte et déclare notamment le vol, dans sa cave à vins, de 1 220 bouteilles, valant plus de 100 000 euros.
L’enquête de la police laisse à penser que les cambrioleurs ont chargé les bouteilles à bord du spacieux Hummer de M. X, et peut-être aussi d’autres véhicules, après les avoir transportées dans leurs caisses d’origine ou dans d’autres récipients.
En 2015, M. X avait souscrit auprès de la société Axa France Iard un contrat « Solution confort » permettant de s’assurer contre le vol à hauteur de 100 000 euros, dont 10 000 pour les objets de valeur. Au lendemain du cambriolage, pour être indemnisé, il dresse un état précis des bouteilles volées (nombre, référence, millésime), en se fondant sur le tableau de bord de suivi de sa cave à vins.
Il fournit des photos des caisses abandonnées, dont les étiquettes confirment le nom des grands crus figurant sur ce tableau. Il explique toutefois qu’il ne peut pas produire de factures, car ces dernières étaient conservées au siège d’une de ses sociétés, cambriolé quelques jours avant la villa (ce qui avait donné lieu à une première plainte).
Vue panoramique sur le lac
Pour ce motif, Axa refuse de l’indemniser. Le 21 septembre 2022, elle y est condamnée par le tribunal judiciaire d’Annecy, que saisit M. X. Mais elle fait appel, en mettant en doute la valeur des bouteilles volées.
Le 14 octobre 2025, la cour d’appel de Chambéry juge que « les malfaiteurs ont pu se servir des informations glanées lors [du] premier cambriolage pour en perpétrer un second quelques jours plus tard ». Elle trouve « parfaitement compréhensible qu’il soit difficile, pour l’intéressé, de se procurer des duplicatas des factures », alors que « sa cave a été constituée depuis de nombreuses années ». Elle conclut qu’« il ne saurait être exigé de M. X qu’il produise des factures, alors que le contrat d’assurance ne limite pas les modes de preuve admissibles de son préjudice ».
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17 commentaires
Les assureurs devraient réfléchir à des couvertures adaptées aux collectionneurs, avec des clauses plus claires. Ce cas en est la preuve.
Cela éviterait bien des litiges et renforcerait la confiance.
Les cambriolages de caves à vin deviennent un vrai fléau. Comment protéger efficacement ses investissements ?
La solution reste peut-être un coffre-fort blindé directement dans la cave.
Je trouve injuste qu’un sinistre malencontreux comme un cambriolage soit contesté par l’assureur. La victimisation est déjà trop lourde.
C’est malheureusement fréquent, surtout avec les contrats bas de gamme.
Ce genre d’affaires me rend sceptique sur l’efficacité des Contrats d’assurance. À quoi servent-ils si on n’est pas couvert au moment du besoin ?
C’est justement le problème de plusieurs assurances. Bege de confiance.
Les voleurs professionnels ciblent de plus en plus les objets de collection. Les collectionneurs doivent-ils envisager d’autres mesures de sécurité ?
Certes, mais le coût de la protection devient prohibitif par rapport à la valeur des biens.
Le cas illustre l’importance de bien documenter ses possessions et de vérifier les clauses du contrat. La précaution est de mise.
Absolument, et avec les objets de valeur, chaque détail compte.
Les assureurs devraient être plus transparents sur les conditions d’indemnisation. Cela évite les mauvaises surprises.
Tout à fait d’accord. La méfiance règne des deux côtés.
Ce cas montre à quel point les assurances peuvent être rigoureuses sur les détails. Dommage pour ce collectionneur.
Exactement, et les frais d’expertise doivent être astronomiques pour des bouteilles de vin.
Je me demande s’il a bien éveillé ses biens de valeur lors de la souscription du contrat.