Listen to the article
Le président de la République, Emmanuel Macron, qui se veut à la pointe du combat pour la réindustrialisation de la France, avait fait le déplacement dans l’Isère, le 12 juillet 2022, pour présenter le projet d’extension d’une usine de puces à Crolles. Associé à l’américain GlobalFoundries, le groupe franco-italien STMicroelectronics devait y investir 7,5 milliards d’euros et doubler les capacités de production. Outre-Rhin, le 19 juin 2023, c’est le chancelier allemand d’alors, le social-démocrate Olaf Scholz, qui se félicitait que l’Allemagne « [devienne] l’un des plus grands sites de production de semi-conducteurs au monde ». Ce même jour, Intel avait annoncé vouloir investir 30 milliards d’euros à Magdebourg (Saxe-Anhalt), où devait être construit un site industriel, baptisé, en toute modestie, « Silicon Junction ».
De ces deux annonces il ne reste aujourd’hui que des souvenirs d’un temps où l’Union européenne (UE) espérait s’imposer dans la bataille qui fait rage entre la Chine et les Etats-Unis pour le contrôle des semi-conducteurs. A Crolles, GlobalFoundries est aux abonnés absents et le projet est en suspens, malgré des aides d’Etat promises de 3 milliards d’euros ; à Magdebourg, après s’être battu pour que l’Allemagne y contribue à hauteur de 10 milliards d’euros, Intel a abandonné ses aventures européennes pour mieux se recentrer outre-Atlantique.
Conçu par l’ex-commissaire au marché intérieur Thierry Breton, le Chips Act, qui devait permettre au Vieux Continent d’attirer des investissements sans précédent, notamment en autorisant de généreuses aides d’Etat, n’a, pour l’instant, pas changé le cours de l’histoire, qui est celle d’une lente perte d’influence. En 1990, l’UE, alors leader, détenait 44 % des capacités mondiales de production de wafers, ces plaquettes sur lesquelles sont gravés les semi-conducteurs. En 2020, elle n’en avait plus que 8 %.
Il vous reste 83.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.







13 commentaires
Ce déclin de l’Europe dans les puces électroniques est inquiétant. La compétition avec la Chine et les États-Unis semble hors de portée sans investissements massifs.
L’Europe a pourtant les moyens scientifiques, mais manque cruellement de volonté politique.
Vrai, mais l’Europe pourrait se reconcentrer sur des niches technologiques plutôt que de suivre le modèle asiatique.
L’histoire des puces électroniques en Europe semble se construire par à-coups, entre projets ambitieux et abandons douloureux. Y a-t-il une vraie stratégie ?
La stratégie semble manquer de cohérence à long terme, effectivement.
L’Europe a-t-elle les ressources humaines et financières pour rivaliser dans un secteur aussi exigeant technologiquement ?
Si l’Europe ne se ressaisit pas, elle risque de devenir totalement dépendante des États-Unis et de la Chine pour les semi-conducteurs.
La Chine et les États-Unis dominent le marché, et l’Europe semble ne plus être en mesure de rivaliser. Une réalité difficile à accepter.
Zen Macron parlez des puces, mais sur le terrain, les projets disparaissent. Faut-il revoir la stratégie industrielle de l’Europe ?
Les promesses d’investissements massifs dans les semi-conducteurs en Europe n’ont pas tenu. La réalité économique est souvent plus dure que les discours politiques.
C’est vrai, mais peut-être que l’Europe mise trop sur des secteurs où elle n’est pas compétitive.
La situation des semi-conducteurs en Europe rappelle les errements de l’industrie automobile face aux constructeurs asiatiques.
C’est un réflexion très laconique. On peut soutenir les projeicts industriels de l’Europe