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Les Philippines vivent un nouveau coup dur. La tempête Fung-Wong s’est transformée, dimanche 9 novembre, en supertyphon, à l’approche du pays, battu par les pluies et le vent provoquant la mort d’au moins deux personnes et l’évacuation de plus de 1 million d’habitants.
La tempête, dont le rayon couvre presque l’ensemble des Philippines, a touché terre dans la province d’Aurora, sur l’île principale de Luçon, à 21 h 10 (14 h 10 à Paris), a rapporté le service météo. Des vents violents et de fortes pluies devraient s’abattre sur une grande partie de cet archipel où au moins 224 personnes ont péri la semaine du 27 octobre au 2 novembre au passage de Kalmaegi, selon le dernier bilan du gouvernement.
Fung-Wong, dont le diamètre couvre presque entièrement le pays, progresse vers l’ouest en soufflant des vents de 185 kilomètres à l’heure, avec des pointes à 230 kilomètres à l’heure.
Au total, près de 1,2 million de personnes avaient été évacuées en début d’après-midi, a fait savoir un haut responsable de la défense civile, Rafaelito Alejandro, lors d’un point presse. Ces évacuations des villages à haut risque se font dans les provinces du Nord-Est, notamment à Bicol, une région côtière vulnérable aux cyclones du Pacifique et aux coulées de boue provenant du Mayon, l’un des volcans les plus actifs du pays.
Un secouriste dans la ville de Catbalogan, capitale de la province de Samar (Ouest), Juniel Tagarino, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) que le corps d’une première victime avait été retrouvé sous des débris et des arbres déracinés. La femme de 64 ans fuyait avec des membres de sa famille samedi soir lorsqu’elle est retournée « à l’intérieur de sa maison, où elle avait probablement oublié quelque chose », pour être retrouvée plusieurs heures plus tard, a-t-il expliqué. Le bureau de la protection civile a confirmé une deuxième mort, une personne s’est noyée lors d’une crue soudaine sur l’île de Catanduanes (Nord-Est).
Des personnes réfugiées dans un centre d’évacuation
A Aurora, Aries Ora, un fonctionnaire de 34 ans, a déclaré à l’AFP en début de soirée que la pluie était encore légère, alors qu’il protégeait sa maison dans la ville de Dipaculao avec des plaques d’acier et des planches de bois. « Ce qui nous effraie vraiment, c’est que l’arrivée est prévue pendant la nuit », a-t-il expliqué : « Contrairement aux typhons précédents, nous ne pourrons pas clairement voir le mouvement du vent et ce qui se passe autour de nous. »
Plus au nord, dans la province de Cagayan, des personnes réfugiées dans un centre d’évacuation ont déclaré à l’AFP que la crainte des inondations les avait convaincues de quitter leur domicile. « Notre maison est souvent inondée, alors quand on nous a demandé d’évacuer, nous avons obéi, nous risquions d’être pris au piège », a raconté Loretta Salquina. « Le typhon pourrait emporter nos toits (…). Nous sommes plus en sécurité ici. »
Les écoles et les administrations publiques resteront fermées lundi dans une large partie du pays, notamment dans la capitale, Manille, et près de 300 vols ont déjà été annulés, selon les autorités.
Samedi, des habitants rivaient leurs maisons au sol à l’aide de cordes, dans l’espoir qu’elles résistent aux rafales, selon des images relayées sur les réseaux sociaux. Sur une vidéo authentifiée par l’AFP, une église de la ville de Birac apparaît encerclée par les eaux de crues, qui montent jusqu’à la mi-hauteur de son entrée.
Risque de débordements
Fung-Wong devrait déverser « des précipitations de 200 millimètres ou plus, qui peuvent provoquer des inondations étendues, et pas seulement dans les zones de basse altitude », avait expliqué en conférence de presse Benison Estareja, un météorologue du gouvernement. « Il est aussi possible que nos plus importants bassins-versants débordent », avait-il alerté.
Les opérations de secours après le typhon de Kalmaegi ont été suspendues samedi en raison de l’arrivée de Fung-Wong dans la province de Cebu (Centre), la plus sinistrée.
Tous les ans, une vingtaine de tempêtes ou de typhons atteignent les Philippines ou s’en approchent, les régions les plus pauvres étant généralement les plus gravement affectées.
Selon les scientifiques, le réchauffement climatique généré par l’activité humaine rend les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, plus meurtriers et plus destructeurs.










8 commentaires
Les tempêtes successives aux Philippines mettent en lumière la vulnérabilité des infrastructures et l’impact sur les populations.
Les autorités semblent réactives, mais les moyens restent limités.
C’est vrai, la région est souvent frappée par des catastrophes naturelles.
La force de ce supertyphon rappelle l’urgence de renforcer la résilience climatique dans ces zones.
Investir tôt dans la prévention pourrait sauver bien des vies.
Les équilibres économiques locaux vont encore être bouleversés après ce passage destructeur.
L’agriculture et les mines ne s’en remettront pas de sitôt.
La reconstruction sera un défi colossal, comme toujours.