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L’annonce est tombée un dimanche : Bachar al-Assad, despote sanguinaire au pouvoir en Syrie depuis vingt-quatre ans, s’est enfui dans la nuit du 7 au 8 décembre 2024, chassé par une coalition de rebelles conduite par le groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC). Le lendemain, la photographe de presse Laurence Geai s’envolait pour couvrir cette bascule historique. Installée depuis l’été à Jérusalem, elle s’est rendue en Syrie à trois reprises cette année.
Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, vous y êtes allée plusieurs fois. Pouvez-vous nous raconter vos différents voyages ?
Je suis allée en Syrie pour la première fois en 2013 [deux ans après le début de la guerre civile]. Je me lançais tout juste en tant que photographe, tout était nouveau. Je me suis rendue du côté des rebelles près d’Alep, à la frontière turque, dans le cadre d’une mission humanitaire avec un médecin français qui faisait des formations à la médecine de guerre aux personnels locaux. J’y suis retournée en 2014, cette fois-ci à Alep, mais le lieu était régulièrement bombardé par le régime, c’était très difficile de travailler.
Après ça, j’ai dû cesser mes reportages avec les rebelles car il y avait beaucoup de kidnappings de l’Etat Islamique (EI), de journalistes et d’humanitaires. Je suis ensuite allée dans le Rojava, notamment à Kobané et Rakka, jusqu’à la chute de l’Etat Islamique (EI), que j’ai couverte dans le dernier bastion qu’ils tenaient à Baghouz en 2019. J’ai documenté l’après dans ces régions, notamment l’opération « Source de paix » [l’offensive turque contre les Kurdes], mais aussi les prisons et les camps où étaient détenus les membres supposés de l’EI et leurs familles, puis la lente reconstruction de Rakka…
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20 commentaires
Les zones minières syriennes étaient sous forte surveillance depuis des années. Que va-t-il arriver à ces régions maintenant ?
Difficile de prédire l’avenir, mais les rebelles pourraient avoir leurs propres intérêts à défendre.
La situation humanitaire reste la première préoccupation, et non les ressources.
La Syrie possède des ressources importantes, mais la guerre a tout paralysé. Une paix durable pourrait-elle relancer l’économie ?
Possible, mais il faut d’abord réparer les dégâts causés par des années de conflit.
Les journalistes jouent un rôle clé dans la révélation des crimes de guerre. Leurs reportages peuvent influencer la communauté internationale.
Malheureusement, les media traditionnels sont souvent les derniers à réagir.
La chute d’Al-Assad pourrait ouvrir la voie à une exploitation plus libre des ressources naturelles, mais à quel prix ?
La priorité, c’est la sécurité des populations, pas les intérêts économiques.
Peu de médias osent encore s’aventurer dans des zones aussi dangereuses. Le courage de ces journalistes forcera peut-être le régime à reculer.
Le problème, c’est que les informations filtrent rarement jusqu’au grand public.
La Syrie a un potentiel minier important, mais les conflits successifs ont freiné son développement. Une fin de la guerre serait-elle bénéfique ?
Tant que la sécurité n’est pas assurée, aucune exploitation n’est possible.
Les mines de Syrie étaient un secteur très lucratif pour le régime. Qui va en profiter maintenant ?
Tout dépendra du nouvel équilibre politique qui se dessine.
Les témoignages des reporters sur le terrain nous rappellent à quel point leur travail est indispensable, malgré les dangers.
Totalement d’accord, leur courage mérite d’être reconnu.
Incroyable de voir comment les choses peuvent changer si vite en Syrie. Espérons que cette transition permettra une meilleure couverture médiatique des régions affectées.
Effectivement, la liberté de la presse est cruciale pour comprendre les crises.
Mais on ne peut pas ignorer les risques pour les journalistes dans une zone aussi instable.