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L’AVIS DU « MONDE » – A NE PAS MANQUER
De phénomène marginal, le biopic est aujourd’hui devenu un genre majoritaire et incontournable de l’industrie cinématographique. Plus aucun pan de l’histoire culturelle ne semble pouvoir lui échapper : chaque moment historique, chaque vie d’artiste, devra désormais se laisser dévorer par le spectacle de l’embaumement. L’omniprésence du genre nous dit aussi quelque chose des spectateurs que nous sommes devenus : que nous reste-t-il à éprouver, devant un film ? Et le biopic, d’essence funèbre, de répondre : la nostalgie, comme affect de notre temps, qui croit bien plus au passé qu’aux possibilités du présent.
Face à ce constat, Nouvelle Vague, de Richard Linklater, s’avère être la première occurrence de ce qui pourrait être un biopic entièrement du côté de la vie, préférant célébrer le présent plutôt que d’ériger des mausolées.
On présentera succinctement Linklater, cinéaste important à l’œuvre aux mille visages : elle est expérimentale sans être intimidante, auteuriste et populaire. Si d’un film à l’autre l’homme s’astreint à ne jamais se répéter, on décèle chez lui une constante : le cinéma lui sert d’outil pour expérimenter sur la matière « temps ». Nouvelle Vague serait alors son expérience sur le temps mythique du biopic. Sur la table d’opération : rien de moins que Jean-Luc Godard (1930-2022), déjà parodié par Michel Hazanavicius dans un biopic faussement canaille (Le Redoutable, 2017) qui plantait l’artiste au milieu de Mai 68.
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11 commentaires
Un biopic qui célèbre la vie plutôt que de s’attarder sur les regrets et les nostalgies passées. Une approche rafraîchissante dans le paysage cinématographique actuel.
Comment le film évite-t-il les pièges du genre biographique traditionnel?
Le biopic comme réappropriation du passé me semble toujours un peu trouble, et vous?
Linklater parvient une fois de plus à mêler profondeur et accessibilité, ce qui explique sans doute son succès.
Pourtant, certains critiques trouvent son cinéma trop certes accessible, mais superficiel.
Un film qui donne envie d’explorer d’autres œuvres de Linklater, dont le style semble à la fois varié et cohérent.
Son approche expansive suggère-t-il que le cinéma ne peut exister sans débat philosophique?
Le constat sur la nostalgie comme affect dominant est perso très juste. Les spectateurs cherchent-ils vraiment à survivre dans le passé plutôt qu’à construire le présent?
La critique soulève une question intéressante sur notre rapport au passé. Faut-il vraiment tout commémorer ou laisser certaines choses s’effacer avec le temps?
On pourrait voir cette tendance aux biopics comme un symptôme de notre époque, mais aussi comme une manière de redonner vie à des histoires méconnues.
Est-ce que ça ne risque pas aussi de banaliser certaines existences en les transformant en produit de consommation?