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Les yeux étaient assoupis, mais la moustache encore fière. Pensait-il à sa gloire passée ? Petit, le tigre Jypsie avait été star de cinéma, le temps du film Deux frères (Jean-Jacques Annaud, 2004). Pour le tournage, le dresseur Thierry Le Portier avait utilisé 30 animaux, dont 18 bébés, entraînés six mois durant au Puy du Fou, en Vendée. Après le film, Jypsie, devenu inutile, avait été donné à Gérard Moulhérat, un bénévole amoureux des bêtes qui avait créé pour eux, les abandonnés, les blessés, les trop vieux, une sorte de maison de retraite au Moulin de Montfrange, à Espiet (Gironde).
A 17 ans, en 2020, Jypsie y tournait encore en rond dans sa cage. La panthère des publicités pour les peintures Valentine, utilisée au milieu des années 1980, l’avait rejoint une dizaine d’années, jusqu’à sa mort. Mais le « refuge », tenu par la seule bonne volonté de son créateur, n’en était pas vraiment un : animaux enfermés, cages mal nettoyées, soins médicaux trop rares, présence sur place d’anesthésiques interdits… En janvier 2022, après la mort d’un tigre, l’Office national de la biodiversité fermait le lieu et confisquait 55 « pensionnaires ». Le 5 novembre 2024, Gérard Moulhérat était condamné à un an de prison avec sursis, 1 250 euros d’amende et une interdiction définitive d’exercer toute activité liée aux animaux.
Jypsie n’avait demandé ni son heure de gloire ni cette triste fin de vie. Comme lui, des fauves, des cervidés, des oiseaux sont utilisés régulièrement sur des tournages, au grand dam des mouvements animalistes. « Nous devrions pouvoir nous divertir sans enfreindre les droits fondamentaux d’autres animaux et sans utiliser des êtres vivants, soutient Victor Duran-Le Peuch, animateur du podcast « Comme un poisson dans l’eau ». Même les documentaires animaliers utilisent des bêtes dressées pour reproduire des scènes soi-disant “sauvages” et prises sur le vif. » Et si la loi 2021-1539 du 30 novembre 2021 contre la maltraitance animale interdit l’utilisation de la faune sauvage dans les cirques et les mammifères marins dans les delphinariums d’ici à 2028, elle ne concerne cependant pas les tournages.
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16 commentaires
Sentir les animaux utilisés pour le divertissement est un problème complexe. Comment concilier art et bien-être animal ?
C’est un équilibre difficile, mais les solutions existent. Les effets spéciaux ou les animations numériques pourraient être une alternative.
Ce scandale rappelle l’importance de l’éducation à la cause animale. Beaucoup ignorent les conditions de vie de ces animaux.
Il est crucial de sensibiliser le public. Peut-être que cela changerait les mentalités.
Quelles réponses existent pour les animaux de spectacles trop âgés ou blessés pour la captivité ?
Les sanctuaires dédiés pourraient être une solution, mais ils manquent souvent de moyens financiers.
La situation décrite est choquante. Pourquoi les autorités ont-elles mis si longtemps à agir ?
Les contrôles sont souvent insuffisants. La vigilance doit être constante pour éviter de tels scandales.
Pourquoi persiste-t-on à utiliser des animaux vivants à une époque où la technologie pourrait remplacer ? D’autres industries comme l’extraction minière ne pourraient-elles pas évolue davantage aussi ?
La pression économique et le manque de régulation explique probablement cela. Mais les mentalités évoluent, heureusement.
Le cas de ce refuge montre les limites des bonnes intentions. L’amour des animaux ne suffit pas, des normes strictes sont nécessaires.
Tout à fait d’accord. Les lois doivent être respectées, même par ceux qui montrent de l’affection envers les animaux.
Les prisons à ciel ouvert pour animaux de spectacle ne devraient plus exister en 2024. Où va-t-on ?
La justice doit être plus exemplaire dans ces cas-là. Les peines devraient décourager ces comportements.
Les dresseurs et les lieux comme celui-ci devraient être régulièrement inspectés. Ce n’est pas acceptable.
Les animaux méritent de vivre dans des conditions dignes, quel que soit leur passé.