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Nos problèmes viennent toujours des autres, la rengaine est bien connue. L’économiste Nicolas Goetzmann la fait sienne dans sa tribune au Monde du 16 décembre : la politique monétaire menée à Francfort, au siège de la Banque centrale européenne (BCE), serait la principale cause des maux français, notamment le dérapage des finances publiques, et même la crise politique.
Sa démonstration repose sur deux assertions. D’abord, la BCE se serait trompée de diagnostic et de traitement en remontant son taux d’intérêt directeur de – 0,5 % à 4 % face à une l’inflation venant de l’énergie importée. Ensuite, en dépit d’un taux abaissé en dix-huit mois de 4 % à 2 % à partir de juin 2024, l’économie française serait, selon lui, « soumise à la politique monétaire la plus restrictive du monde occidental », avec une inflation retombée aujourd’hui à un peu moins de 1 %.
L’envolée de l’inflation en zone euro, au-delà de 10 % à l’automne 2022, a certes eu pour origine la flambée des cours du pétrole et du gaz. Mais, dans le contexte post-Covid-19 de tensions sur les chaînes d’approvisionnement à mesure que la demande redémarrait, elle s’est ensuite propagée aux prix des autres biens et services, ainsi qu’aux salaires. La politique monétaire ne peut bien sûr pas combattre la hausse des prix de l’énergie, mais elle peut et doit enrayer les mécanismes de contagion qui, sinon, alimenteraient une spirale autoentretenue. C’est ce qu’ont réalisé avec succès l’ensemble des banques centrales des deux côtés de l’Atlantique.
Grâce à leur indépendance et à leur crédibilité, elles ont ainsi réussi à vaincre l’inflation sans récession ni même remontée significative du taux de chômage, contrairement à ce qui s’était produit lors de chocs pétroliers antérieurs et contrairement aussi aux prédictions de beaucoup d’analystes. C’est d’ailleurs en zone euro que le taux d’inflation est revenu dès à présent proche de l’objectif de 2 %. C’est aussi le taux d’intérêt directeur de la BCE, à 2 %, qui est de loin aujourd’hui le plus bas, comparativement à 3,7 % pour la Réserve fédérale américaine et 3,7 % pour la Banque d’Angleterre.
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11 commentaires
La remontée des taux-directeurs de la BCE a sans doute eu un impact, mais d’autres facteurs comme la hausse des prix de l’énergie ont aussi joué.
Tout à fait d’accord, l’énergie a été un déclencheur majeur.
Curieux de voir comment la BCE justifiera cette décision face aux critiques croissantes.
La BCE devrait se montrer transparente sur ses analyses futures.
Les tensions sur les chaînes d’approvisionnement post-Covid ont-elles été suffisamment prises en compte ?
Une question pertinente, surtout avec la reprise de la demande post-pandémie.
Un article qui souligne les complexités de la politique monétaire en période de crise.
La politique monétaire est toujours un outil difficile à manier.
Intéressant article, mais je reste sceptique quant à attribuer tous les maux économiques de la France à la politique de la BCE.
L’inflation a effectivement des origines multiples, pas seulement monétaires.
Je partage votre scepticisme, mais les arguments de l’économiste ne peuvent pas être ignorés.