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Grand branle-bas de combat dans les chancelleries européennes : il faut augmenter nos budgets de défense à hauteur d’au moins 3 points de produit intérieur brut (PIB). En France, où les dépenses militaires avoisinent 2 % du PIB, l’heure est aux grandes interrogations existentielles sur la façon dont le pays va être capable de les augmenter d’un point, alors que le déficit public a déjà atteint 6 % du PIB et la dette publique plus de 110 % du PIB, en 2024.
Trouver 1 point de PIB est aujourd’hui considéré comme un « Himalaya budgétaire ». Que dire alors de 10 ou 12 points ? C’est, pour la planète, le coût d’un réchauffement climatique de 1 °C par rapport aux températures préindustrielles, selon une étude, « Does Unilateral Decarbonization Pay For Itself ? », publiée en janvier par deux économistes américains du National Bureau of Economic Research, Adrien Bilal et Diego Känzig. D’après eux, les dommages macroéconomiques causés par le changement climatique sont six fois plus importants que ce qui était précédemment estimé : jusqu’alors, en effet, leur coût était évalué à moins de 2 points de PIB.
La différence s’explique par un changement avisé d’approche statistique : les estimations existantes reposaient toutes sur le coût économique des seules variations de température locales (pays ou régions) et ignoraient complètement les effets économiques des phénomènes climatiques systémiques – comme, par exemple, le réchauffement des océans. Ce coût exorbitant de l’inaction climatique fait peur, surtout lorsqu’il est basé sur un réchauffement de 1 °C alors qu’on en est déjà à 1,2 °C sur les dix années passées.
Mais on peut aussi y voir une bonne nouvelle. Parce que cela implique que la décarbonation, menée à l’échelle d’une économie comme celle de l’Union européenne, est rentable même si cette dernière est la seule à s’y engager. Peu importe que les Etats-Unis renoncent à l’action environnementale (même si, bien sûr, leurs émissions impliqueront des coûts encore plus élevés pour eux-mêmes et pour tous les autres) : dans tous les cas de figure, l’Europe a intérêt à poursuivre ses efforts.
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9 commentaires
Intéressant de voir que la décarbonation unilatérale pourrait être rentable à long terme. Cela devrait inciter les pays à agir plus vite, sauf en période de crise budgétaire.
Les chiffres sont impressionnants, mais la transition énergétique sera-t-elle suffisante pour éviter ces scénarios catastrophiques ?
Une étude qui confirme l’urgence d’agir, mais la question des financements reste entière, surtout dans un contexte de dette publique élevée.
L’Europe a-t-elle les moyens de soutenir un tel effort financier dans un contexte géopolitique tendu ?
C’est une donnée majeure. La priorité immédiate semble être ailleurs, malheureusement.
Une étude qui mérite d’être creusée, mais je reste sceptique sur les conclusions. Comment cette évaluation tient-elle compte des coûts cachés ou des externalités négatives ?
Les conclusions sont alarmantes, mais j’aimerais comprendre comment ces modèles économiques anticipent les innovations technologiques futures.
Une bonne question. Les modèles actuels sont souvent incapables de prévoir des ruptures technologiques majeures.
C’est effectivement un point critique. La décarbonation doit s’appuyer sur des solutions concrètes, pas seulement des prévisions.