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J’aimerais aborder (…) l’aspect multifactoriel de la détresse psychique. Que ce soit pour un individu donné ou à l’échelle de populations, les facteurs associés à la santé mentale sont multiples et recouvrent à la fois des facteurs biologiques – dont la génétique –, démographiques, psychologiques et sociaux.
Les premiers travaux épidémiologiques sur la santé mentale ont été menés dans les années 1950, une fois les classifications telles que le Diagnostic and Statistical Manual (DSM) rendues opérationnelles (…) Ces études ont abordé différents aspects de la santé mentale, identifiant entre autres d’emblée l’importance de déterminants sociaux, dont le genre, la classe sociale, le lieu de résidence (rural ou urbain).
Ces études menées par les pionniers de l’épidémiologie psychiatrique, qui étaient à l’interface entre les sciences sociales et la santé, sont dans la lignée des travaux d’Emile Durkheim. Dans Le Suicide, paru en 1897, Durkheim a posé les bases d’un questionnement simple et en même temps révolutionnaire et qui s’applique toujours : le suicide est un acte individuel qui répond à des motivations intimes, et reflète l’état d’esprit d’une personne à un moment donné. Mais si l’on prend de la distance, pour se situer au niveau de la collectivité, chaque année le taux de suicide dans une population donnée est le même. D’après Durkheim, ce résultat signifiait que les comportements individuels sont influencés par des caractéristiques de notre contexte de vie qui, d’une certaine façon, s’impose à nous. Dans son analyse, il a particulièrement éclairé l’importance des liens relationnels : plus les liens entre personnes appartenant au même groupe sont distendus, plus les individus sont isolés, et plus le risque de suicide à échelle individuelle et collective est important.
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15 commentaires
Fascinant de voir comment les déterminants sociaux jouent un rôle clé dans la santé mentale. Cela rappelle l’importance d’approches holistiques.
Tout à fait d’accord. La santé mentale ne peut être isolée des conditions de vie.
On sous-estime souvent l’impact des facteurs socio-économiques sur la santé mentale. Un rappel nécessaire.
C’est un angle souvent négligé dans les politiques de santé publique.
Des études dans les années 50 qui cherchaient déjà des déterminants sociaux? C’est plus récent que je n’imaginais.
Effectivement, c’est plus précoce qu’on ne le pense communément.
Les travaux de Durkheim sur le suicide restent pertinents plus d’un siècle après. Une base solide pour comprendre ces liens.
Incroyable comme certaines théories sociologiques traversent les époques avec pertinence.
La santé mentale est vraiment un sujet complexe. Ces approches multifactorielle semblent être la bonne voie.
Cela expliquerait en partie pourquoi certaines interventions ont du mal à donner des résultats concrets.
Plutôt que des solutions simplistes, effectivement.
La classe sociale et le lieu de résidence comme facteurs de santé mentale? Des constatations qui devraient influencer les politiques publiques.
Il serait temps effectivement que ces données inspirent des actions concrètes.
Un article qui donne envie d’explorer plus profondément ces questions. La santé globale mérite plus d’attention.
Complètement d’accord. Cela dépasse les simples questionnements médicaux.