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C’est la fin d’une époque pour le cyclisme français. Marc Madiot, manageur général de l’équipe Groupama-FDJ, a annoncé, samedi 20 décembre, quitter les fonctions qu’il occupe depuis près de trente ans. Il sera remplacé, officiellement en avril, par Thierry Cornec, directeur général adjoint depuis juin 2024 et dont le profil plus techno illustre les changements profonds à l’œuvre dans ce sport.

« Il était opportun de se régénérer, d’ouvrir des portes et d’avancer. Je vais avoir 67 ans au mois d’avril. Je pense qu’il faut se tourner vers l’avenir. C’est le moment », confie le dirigeant lors d’un entretien commun à l’AFP et à L’Equipe. A l’issue de sa riche carrière de coureur, le Mayennais avait fondé, en 1997, La Française des Jeux, devenue FDJ.fr, puis Groupama-FDJ. Désormais, il va « lâcher le guidon » et devenir « président de la structure ». « Marc va continuer à participer au développement avec les partenaires et sera aussi le garant des valeurs de l’équipe », explique son successeur de 53 ans, Thierry Cornec.

« Thierry reprend tout le sportif et devient manageur général de l’équipe. L’opérationnel, ce sera Thierry », insiste en retour Marc Madiot, qui continuera, « bien sûr », à se rendre « régulièrement » sur les courses, davantage dans un rôle d’ambassadeur. « Mon ambition est que l’équipe me survive. Si je peux donner un coup de main dans d’autres secteurs que le sportif, ça me convient bien. L’équipe est mon deuxième bébé. Je l’aime, j’ai encore envie de la chérir, mais je sais qu’elle est à majorité, qu’il faut qu’elle prenne son envol », explique l’ancien double vainqueur de Paris-Roubaix.

Un cyclisme qui évolue

Cette mise en retrait de Marc Madiot s’ajoute à la prise de recul, récente, de Patrick Lefevere (Soudal-Quick Step), Vincent Lavenu (Decathlon-AG2R La Mondiale) ou prochainement Jean-René Bernaudeau (TotalEnergies). Ces mouvements marquent un tournant dans un sport où, historiquement, les patrons étaient d’anciens coureurs. Leurs remplaçants ont, au contraire, des profils de chefs d’entreprise, à l’image de Thierry Cornec, responsable des ventes et directeur pendant vingt-deux ans chez l’équipementier Mavic, avant de devenir directeur général des cycles Lapierre.

« Quand j’ai démarré, il y a trente ans, on était une petite épicerie. On avait dix-huit coureurs et douze membres d’encadrement. Je connaissais tout le monde, rappelle Marc Madiot. Aujourd’hui, on est cent vingt personnes. Je signe des contrats avec des gens que je ne connais pas, que j’embauche sur un CV. On était des petits artisans. Ça devient un sport mondial tourné vers la haute technologie, la haute performance et des moyens extrêmement renforcés pour certaines équipes. »

« Une autre ère », qui ne lui sied pas toujours et dont certains aspects ont été déclencheurs dans sa décision de prendre du champ. « Quand j’ai fait signer Philippe Gilbert [en 2002], j’ai pris ma voiture, je suis allé en Belgique, j’ai discuté avec le gamin, ses parents, et je suis revenu avec un contrat signé. Dernièrement, il m’est arrivé d’avoir des contacts avec des cadets ou juniors qui m’ont dit : “Voyez avec mon agent, monsieur.” On n’est plus dans la même veine. »

Une transition en « douceur »

Ce relationnel avec des intermédiaires qui ne déplaît pas à Thierry Cornec, déjà très actif pour gérer le recrutement de la Groupama-FDJ pour la saison 2026. Le nouveau patron de l’équipe tient cependant à revendiquer ses racines paysannes avec un père qui « se levait à 4 heures du matin pour aller ramasser le lait dans les fermes » et une enfance à Châteaulin (Finistère), un des berceaux du cyclisme français en Bretagne.

Cette mutation profonde dans les sphères dirigeantes peut parfois se réaliser avec pertes et fracas, comme l’a rappelé l’éviction brutale de Vincent Lavenu de Decathlon-AG2R La Mondiale cet été. Marc Madiot et Thierry Cornec sont, en revanche, formels : la transition se fera en douceur. « On travaille bien ensemble. On partage la même vision », assure le successeur du fondateur de l’équipe, qui veut éviter d’utiliser le mot « continuité », « parce que ça voudrait dire que rien ne va changer, alors que beaucoup de choses vont évoluer ».

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11 commentaires

  1. Quelle surprise de voir Marc Madiot quitter l’équipe après tant d’années. Je me demande quel impact cela aura sur la performance et la cohésion de l’équipe.

  2. Un changement de génération nécessaire. Marc Madiot a marqué le cyclisme français, mais l’innovation technologique prend le dessus.

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