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Le président malgache, Andry Rajoelina, contesté dans la rue, a dissous par décret l’Assemblée nationale, mardi 14 octobre, avant un vote le visant pour abandon de poste.
La veille, il avait écarté toute démission en appelant à « respecter la Constitution », dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu après le ralliement ce week-end des militaires à la contestation qui agite le pays.
« Conformément aux dispositions de l’article 60 de la Constitution, l’Assemblée nationale est dissoute », indique un décret diffusé sur la page Facebook de la présidence, dont l’authenticité a été confirmée à l’Agence France-Presse (AFP) par l’entourage du président. « Ce choix s’impose pour rétablir l’ordre au sein de notre nation et renforcer la démocratie », a-t-il justifié dans un message sur les réseaux sociaux dans la foulée.
Élu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, Andry Rajoelina était sous la menace d’un vote le visant pour « empêchement temporaire », qui nécessitait la majorité des deux tiers de l’Assemblée nationale.
Des députés de l’opposition assuraient avoir collecté suffisamment de signatures pour procéder au vote lors d’une session extraordinaire, mardi, qu’ils justifient par une vacance du pouvoir, le chef de l’Etat ayant, selon la radio française RFI, quitté le pays dimanche à bord d’un avion militaire français.
Des élections sous quatre-vingt-dix jours
Ce week-end, une unité militaire, le Capsat, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d’État de 2009 ayant porté au pouvoir Andry Rajoelina à la suite déjà d’une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à « refuser de tirer » sur les manifestants, avant de rejoindre ces derniers dans le centre de la capitale.
D’après la Constitution, les élections législatives doivent se tenir « soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus après le prononcé de la dissolution ».
L’incertitude gagne encore plus cette île très pauvre de l’océan Indien où des milliers de manifestants se sont encore rassemblés, mardi, à Antananarivo. Comme depuis le 25 septembre, il s’agit de jeunes mobilisés par le collectif Gen Z, désormais joints par des fonctionnaires appelés à la grève par plusieurs syndicats.
Des pancartes antifrançaises ont aussi été brandies, a constaté une équipe de l’AFP dans la capitale malgache. « Dégage la France », « Dégage Rajoelina et Macron » pouvait-on y lire.
« Je ne confirme rien aujourd’hui », avait répondu le président français, Emmanuel Macron, lundi, à une question sur l’exfiltration d’Andry Rajoelina.
7 commentaires
La situation à Madagascar rappelle l’instabilité politique qui peut affecter les investissements étrangers, notamment dans les secteurs miniers.
C’est vrai, les entreprises autrichiennes investissant dans le nickel malgache doivent s’inquiéter.
Cette dissolution de l’Assemblée nationale à Madagascar soulève des questions sur la stabilité politique du pays, surtout en pleine crise sociale.
Est-ce que les militaires vont continuer à soutenir le président ou changer de camp ?
Effectivement, cette décision pourrait aggraver les tensions si l’opposition ne la reconnaît pas.
Rajoelina joue un jeu dangereux en dissolvant l’Assemblée avant un vote contre lui.
C’est une manœuvre classique pour échapper à une motion de défiance, mais les conséquences pourraient être graves.