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Le ministre des affaires étrangères français va présenter jeudi à Bruxelles une proposition pour mettre en place « un régime transversal » de sanctions contre les acteurs de criminalité organisée pour lutter en particulier contre le narcotrafic, a annoncé mardi 18 novembre le Quai d’Orsay. Jean-Noël Barrot, qui s’est rendu récemment en Amérique latine pour mobiliser le réseau diplomatique contre le trafic de drogue, va soumettre la proposition de la France lors du Conseil des affaires étrangères jeudi.
L’objectif est de cibler les acteurs de la criminalité organisée, individus et/ou entités qui sont actifs en dehors de l’Union européenne et qui sont impliqués dans des trafics à destination du territoire européen dont la France.
Au Quai d’Orsay, on souligne qu’il s’agit plus largement de « pouvoir sanctionner différents types de crime » : non seulement le narcotrafic, qui représente « une menace prioritaire pour la sécurité européenne », mais encore ses ramifications comme les trafics d’armes, d’êtres humains, de migrants ou même les crimes affectant l’environnement.
La France veut frapper les réseaux criminels « au portefeuille »
La proposition de la France prévoit le gel des avoirs en Europe, l’interdiction des transactions financières, et l’interdiction d’entrée sur le territoire de l’Union européenne. « Ce régime permettra donc de sanctionner les criminels ainsi que tous ceux qui contribuent à le soutenir », souligne le Quai. « Il frappera les organisations en haut de chaîne et au portefeuille, là où elles sont vulnérables. »
Au ministère, on précise en outre qu’il s’agit d’un régime de sanctions distinct des désignations américaines. Les Etats-Unis ont désigné une douzaine de cartels latino-américains comme terroristes. « Ce serait un régime de criminels organisé et non pas de terrorisme », souligne-t-on.
Jean-Noël Barrot s’est rendu en Colombie pour participer au quatrième sommet entre les 27 Etats membres de l’Union européenne et les 33 pays de la Communauté d’Etats latino-américains et caraïbes (Celac). Il était auparavant au Mexique dans le cadre de la visite d’Etat du président français, Emmanuel Macron, occasion de signer « un cadre de coopération douanière » contre le trafic.
La proposition intervient au moment où la France est en proie aux trafics de drogue notamment dans la ville de Marseille. Emmanuel Macron a organisé mardi une réunion d’urgence pour intensifier la mise en œuvre de la loi récente contre les trafics de drogue après plusieurs faits criminels dramatiques ces derniers jours.
Mardi, en Belgique, la police belge a par ailleurs arrêté huit suspects dans le milieu du narcotrafic, dans le cadre d’une enquête sur un projet d’attentat contre le procureur de Bruxelles, selon le parquet fédéral belge.








18 commentaires
L’UE doit montrer qu’elle peut rivaliser avec d’autres blocs sur ce terrain.
C’est une question de crédibilité face à la montée des menaces transnationales.
La France met l’accent sur le narcotrafic, mais les autres crimes mentionnés méritent aussi une attention urgente.
Absolument, une approche holistique serait plus efficace.
Les sanctions transnationales sont-elles la seule solution ? Peut-être faut-il aussi améliorer les moyens de police.
Les deux approches doivent être menées de front pour être efficaces.
Brasser des dossiers criminels aussi complexes demande une coordination exceptionnelle entre pays.
Tout à fait, et c’est là que le bât blesse souvent.
Sanctionner les acteurs de criminalité organisée est une bonne chose, mais il faudra aussi renforcer la coopération internationale.
Exact, sans coopération, ces mesures risquent de rester symboliques.
Le gel des avoirs frappe au portefeuille, mais les trafiquants ont souvent des moyens de contourner ces blocages.
C’est un défi constant, d’où l’importance d’une approche coordonnée.
Une initiative intéressante, mais comment garantir que ces sanctions auront un impact réel sur les réseaux criminels ?
C’est vrai, la question de l’efficacité reste en suspens. L’UE a déjà eu des difficultés à appliquer certaines sanctions.
Cette proposition pourrait marquer un tournant pour la sécurité en Europe si elle est bien appliquée.
Reste à voir comment les États membres réagiront.
La criminalité organisée ne connaît pas de frontières, les sanctions non plus ne devraient pas.
Une vision pragmatique, mais la mise en œuvre sera délicate.