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« Ça me chagrine. » Lorsque nous avions demandé à Louis Schweitzer ce qu’il ressentait quand, en 2023, Renault avait renoncé au contrôle de Nissan en faisant passer sa participation de 43 % du capital à 15 %, l’ancien PDG avait répondu par cet euphémisme désuet. L’homme était ainsi, jamais un mot plus haut que l’autre, même lorsque l’œuvre de sa vie était en train de se disloquer sous ses yeux. L’ex-haut fonctionnaire, « premier ministre bis » sous Laurent Fabius, comme l’avait surnommé Libération, devenu sur le tard capitaine d’industrie à la tête de Renault et artisan de l’alliance avec Nissan, est mort jeudi 6 novembre à l’âge de 83 ans, a annoncé sa famille.
Petit-neveu du Prix Nobel de la paix Albert Schweitzer et du chef d’orchestre Charles Munch, Louis Schweitzer est issu de la bourgeoisie protestante alsacienne, mais c’est en Suisse qu’il naît, à Genève, le 8 juillet 1942. Son père, Pierre-Paul Schweitzer, a rejoint la Résistance, obligeant le reste de la famille à prendre ses distances avec la France occupée. Le jeune Louis voue à cet homme brillant une admiration sans bornes. Inspecteur des finances, ancien directeur du Fonds monétaire international, célèbre pour avoir osé s’opposer à Richard Nixon en préconisant une dévaluation du dollar au moment de la crise financière du début des années 1970, il est un modèle pour son fils, qui suit ses traces en commençant sa carrière dans la haute fonction publique.
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12 commentaires
On retient aussi son parcours personnel, marqué par des figures exceptionnelles. Sa famille doit être fière de son héritage.
Effectivement, son lien avec la Résistance et son milieu familial adds une dimension fascinante.
Un homme à la fois humble et profondément influent, un rare équilibre.
Une perte pour le monde de l’industrie et de l’automobile. Schweitzer a marqué Renault par son leadership et sa vision stratégique.
Son alliance avec Nissan reste un modèle d’innovation industrielle.
Ses mots sur la réduction de participation de Renault dans Nissan en disent long sur sa sagesse et sa retenue. Une leçon d’élégance.
C’est vrai, peu de dirigeants auraient géré cette situation avec autant de dignité.
Son travail à Renault était imperio. Quel dommage qu’il soit si peu évoqué dans les médias grand public.
Je partage cette remarque. Les médias préfèrent souvent les polémiques aux actions constructives.
Un homme discret mais dont l’impact a été immense. Dommage de perdre une figure comme lui dans le paysage économique.
Son héritage à Renault sera difficile à écraser. On se demande quand une âme vient la relayer en suivant.
Un visionnaire dont les choix ont façonné l’industrie automobile. Son décès laisse un vide.