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Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé, mardi 18 novembre, les Etats du Sahel à mettre de côté leurs différends pour faire face à l’explosion des attaques des groupes djihadistes dans cette région en proie à une crise humanitaire. « Il est absolument essentiel que, malgré ces divergences, nous construisions une plateforme de coopération entre les services de renseignement et de sécurité » des pays de la région, a-t-il déclaré en visioconférence face au Conseil de sécurité de l’ONU.
Il a invité à l’union, sur ce sujet, entre les pays de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), ceux de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) – formée par les juntes souverainistes au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso –, et la Mauritanie, le Tchad et l’Algérie.
Le nombre d’attaques djihadistes au Sahel a explosé en six ans, passant de 1 900 en 2019, principalement concentrées à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, à plus de 5 500 en 2024 et à 3 800 avant le 10 octobre 2025, sur une zone désormais grande comme deux fois l’Espagne, selon une analyse de l’Agence France-Presse (AFP) basée sur les données de l’organisation ACLED. Ces violences ont fait quelque 76 900 morts.
« Il est essentiel de reconstruire la confiance entre les parties prenantes de la région Afrique de l’Ouest », a répondu l’ambassadeur du Mali à l’ONU, Issa Konfourou, s’exprimant au nom des Etats de l’AES. « Nous sommes donc entièrement disposés à la coopération avec les pays de la région et l’ensemble des partenaires qui le souhaitent », a-t-il poursuivi.
En janvier dernier, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’Etat, ont quitté la Cedeao après avoir formé l’AES pour lutter contre la menace djihadiste. Les factions affiliées à Al-Qaïda (notamment le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans, ou JNIM, son acronyme en arabe) et à l’organisation Etat islamique (EI) frappent aujourd’hui dans presque tout le Mali et le Burkina Faso, de l’ouest du Niger et du Nigeria jusqu’à la frontière du Sénégal. Le JNIM a considérablement étendu son influence au Mali où il mène actuellement un blocus sur les ravitaillements de carburant, asphyxiant l’économie du pays jusqu’à sa capitale.
Un climat de méfiance qui freine la coopération régionale
Face au Conseil de sécurité, le président de la Commission de la Cedeao, le Gambien Omar Alieu Touray, a rappelé que « la confiance est nécessaire pour que les pays collaborent dans le partage d’informations et de renseignements, les patrouilles frontalières et les opérations conjointes ». « Malheureusement, la situation dans notre région est caractérisée par la méfiance », a-t-il regretté, appelant « les membres de ce Conseil et la communauté internationale à nous aider à construire la confiance ». Le président en exercice de la Cedeao, le Sierraléonais Julius Maada Bio, a lui appelé à un « pacte pour la paix et la résilience au Sahel » entre son organisation, l’ONU et l’Union africaine.
La région a un besoin urgent d’aide financière internationale, à hauteur de 4,9 milliards de dollars pour six appels humanitaires en 2025, selon Antonio Guterres. « Jusqu’à présent, moins d’un quart de cette somme a été collecté », a averti le secrétaire général de l’ONU, regrettant que le plan pour le Mali ne soit ainsi financé qu’à hauteur de 16 %.










8 commentaires
Pourquoi les pays du Sahel ne parviennent-ils pas à coordonner leurs efforts de sécurité ?
Les divergences politiques et les intérêts nationaux compliquent la coopération.
La Côte d’Ivoire et le Sénégal pourraient-ils profiter de cette instabilité ?
C’est possible, surtout pour le lithium et le cobalt, mais cela dépendra des investissements.
Les groupes djihadistes ciblent-ils les infrastructures minières pour financer leurs opérations ?
Bonne question. Les ressources naturelles sont souvent un enjeu dans les zones de conflit.
Cette situation inquiète les investisseurs dans les mines du Sahel, notamment pour l’or et l’uranium.
Effectivement, la stabilité est cruciale pour les projets miniers dans la région.