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Le 24 août marquera l’histoire contemporaine de la Méditerranée. Ce jour-là, l’Ocean-Viking, navire affrété par SOS Méditerranée, a subi une attaque armée directe alors qu’il portait assistance à une embarcation en détresse. Cet événement d’une gravité exceptionnelle n’est pas un fait divers : il est le symptôme violent de l’effondrement du multilatéralisme et du renoncement des Etats européens à faire respecter le droit international en haute mer.
En tant qu’acteurs du maritime, notre regard sur ces événements n’est pas politique, il est technique et juridique. Ce qui se joue au large de la Libye et de la Tunisie dépasse la question humanitaire : c’est la remise en cause des principes de sauvegarde de la vie humaine et la transformation d’un espace commun en zone de non-droit.
La Convention des Nations unies sur le droit de la mer (Montego Bay, 1982) est sans ambiguïté. Son article 98 oblige tout capitaine à prêter assistance à quiconque est trouvé en péril en mer. Ce texte ne connaît ni nationalité ni statut administratif. Il ne connaît que des naufragés.
Le morcellement des puissances et l’instabilité en Libye ont créé en Méditerranée centrale un vide sécuritaire que l’Union européenne (UE), par sa politique d’externalisation, a paradoxalement contribué à armer. En finançant des gardes-côtes libyens, dont les liens avec les milices et les réseaux de trafic sont documentés par l’ONU, l’Europe a délégué la coordination des secours à des acteurs bafouant le droit maritime.
Stratégie d’usure administrative
L’attaque du 24 août illustre cette dérive : des acteurs paraétatiques, censés coordonner le sauvetage, deviennent les agresseurs des navires civils respectant le droit. Le sauveteur devient la cible, l’autorité supposée devient la menace.
Face à ce délitement, SOS Méditerranée a dû professionnaliser le sauvetage de masse à un niveau inédit. Secourir une embarcation pneumatique instable avec 150 personnes à bord relève d’une haute technicité. Depuis 2016, l’association a secouru 42 708 personnes. Cette efficacité repose sur une expertise modélisée pour pallier la carence des centres de coordination de sauvetage officiels.
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20 commentaires
Ce n’est pas un ‘fait divers’, mais un symptôme grave de l’effondrement du droit international. La Méditerranée est devenue un champ de bataille.
Les conséquences seront dramatiques si l’Occident continue d’observer sans agir.
Comment peut-on laisser des navires humanitaires être attaqués alors qu’ils accomplissent leur devoir ? C’est révoltant.
L’indifférence générale est inquiétante. La protection civile en mer est en jeu.
Porter assistance en mer est un devoir sacré. Comment pouvons-nous rester silencieux face à de telles attaques ?
Le silence serait complice. Il est grand temps que la communauté internationale agisse avec fermeté.
La transformation d’une zone commune en non-droit est un danger pour tous. Qui sera le prochain à payer le prix ?
La Méditerranée n’est pas qu’une route de migration, c’est aussi un espace de coopération à protéger.
La Libye et la Tunisie sont les reflets d’un échec politique et sécuritaire. La Méditerranée devient une zone à risque.
Sans stabilité politique, les droits fondamentaux ne sont plus garantis. Tragique.
Le droit de la mer est universel, mais certains l’ignorent quand cela les arrange. La situation est intolérable.
La cohérence des exigences de sécurité devrait primer. Sinon, c’est la jungle.
Le vide sécuritaire en Méditerranée centrale est le résultat d’un manque de volonté politique. Les traités internationaux ne suffisent plus.
Les États doivent assumer leurs responsabilités. Le multilatéralisme n’est pas une option, c’est une nécessité.
Incroyable de voir comment le droit maritime est bafoué en pleine Méditerranée. Quelle tragédie pour l’humanité qu’une zone soit transformée en ‘non-droit’.
Le multilatéralisme a clairement failli. L’UE doit réagir avant qu’il ne soit trop tard.
C’est une honte que les traités internationaux ne soient plus respectés. Les vies humaines ne devraient jamais être négociables.
La Convention de Montego Bay est claire : tous les capitaines doivent secourir les naufragés. A-t-on oublié ses articles fondamentaux ?
L’humanité a souvent la mémoire courte quand il s’agit de droits fondamentaux.
Le droit international n’est respecté que lorsqu’il arrange certains pays. Dommage.