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Le projet européen est aujourd’hui confronté à des risques majeurs : la menace hybride et militaire de la Russie, le déferlement économique venu de Chine, ainsi que l’éloignement stratégique et culturel des Etats-Unis vis-à-vis de l’Union européenne (UE), dont les conséquences sont difficiles à prévoir. Ces défis amplifient des faiblesses déjà existantes : sans processus de décision efficaces en matière de sécurité et de politique étrangère, nous nous affaiblissons nous-mêmes. Sans capacités de défense autonomes, ni infrastructures financières critiques propres, même le marché unique n’est plus un atout décisif.
Une Union « inachevée » offre aux pays tiers l’occasion de nous diviser et de nous faire chanter, comme l’ont montré les négociations commerciales avec les Etats-Unis au cours de l’été. Un mélange de surréglementation à Bruxelles et de nationalisme étriqué dans les Etats membres a freiné la croissance économique et technologique de l’UE. Nous avons manqué d’ambition et d’une véritable vision ; des éléments pourtant indispensables pour façonner notre avenir.
La question de savoir comment l’Europe peut désormais s’affirmer devient existentielle. Dans son discours devant le Bundestag le 14 mai, le chancelier Friedrich Merz a déclaré : « L’Allemagne prendra des initiatives pour raviver l’idée européenne de liberté et de paix, afin que l’Europe soit à la hauteur de ses aspirations et de son rôle dans le monde. » Il a ensuite cité [l’ancien chancelier] Helmut Kohl (1930-2017) dans un discours de 1996 : « Nous ne devons jamais perdre de vue qu’en Europe, nous sommes avant tout une communauté de valeurs et de culture. » Cette phrase est une forme de réponse à la mise en garde de la stratégie de sécurité nationale américaine. L’Europe est un destin partagé. Nous devons préserver notre foi dans l’esprit de l’intégration européenne, dans l’héritage historique de l’après-guerre et ses valeurs, afin de rester fidèles à nous-mêmes.
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6 commentaires
L’Europe doit-elle finalement choisir entre dépendre des États-Unis ou de la Chine pour ses besoins en uranium et pierres précieuses ? Une question complexe, mais cruciale.
La surréglementation freine les secteurs miniers et énergétiques. Il est temps de simplifier les procédures pour attirer les investissements nécessaires aux transitions technologiques.
L’article souligne des défis sérieux pour l’UE. La dépendance aux énergies critiques, comme le lithium pour les batteries, montre à quel point une politique étrangère proactive est nécessaire. Sans autonomie stratégique, l’Europe reste vulnérable.
Intéressant de voir comment les tensions géopolitiques influencent les marchés des matières premières. L’UE doit-elle renforcer son partenariat avec l’Afrique pour sécuriser ses approvisionnements en métaux rares ?
C’est une option, mais les rivalités entre puissances étrangères sur place compliquent les choses.
Absolument, l’Afrique détient des réserves importantes de cobalt et de cuivre. Mais les défis logistiques et politiques restent considérables.