Listen to the article
« Je n’aurais jamais cru que, de mon vivant, je verrais disparaître mon métier. C’est pourtant ce qu’il se passe », se désole la traductrice anglais-russe-français Karine Reignier-Guerre, âgée de 55 ans. Chargée de cours et tutrice en master de traduction littéraire à l’université Paris Cité et à l’université d’Avignon, elle propose aujourd’hui à ses étudiants une approche très concrète de l’intelligence artificielle (IA) générative. « Si c’est un cataclysme, il faut leur en parler et les préparer à l’affronter », dit-elle.
Chaque année, depuis 2020, elle choisit donc un ouvrage de cosy mystery, un sous-genre de fiction policière sans violence, se déroulant souvent dans les confins de la campagne anglaise, à l’écriture à la fois simple et très codifiée, dialoguée et pauvre en métaphores. « Je propose deux feuillets aux étudiants de master 2 en fin de cursus. Ils traduisent le texte et j’anonymise leurs versions. J’utilise aussi un texte traduit par un logiciel comme DeepL », détaille-t-elle. A l’aveugle, les étudiants doivent ensuite distinguer la version humaine rédigée par leur voisin et celle réalisée par la machine. « Il y a trois ans encore, tous faisaient immédiatement la différence. Aujourd’hui, presque tous se trompent : les marqueurs qui trahissent l’IA sont devenus bien plus difficiles à déceler », explique la traductrice.
Il vous reste 86.77% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.











16 commentaires
La traduction littéraire est un art, et l’IA ne peut pas encore saisir toute la profondeur d’un texte. Les étudiants ont raison de s’inquiéter.
L’impact de l’IA sur les traducteurs est un sujet qui soulève beaucoup de questions. Comment concilier innovation et préservation des métiers traditionnels ?
C’est une transition difficile, mais nécessaire. L’IA peut être un outil complémentaire plutôt qu’un remplacement total.
Reste à voir comment les traducteurs évolueront dans ce nouveau paysage. La nuance et la créativité seront-elles sacrifiées ?
L’IA générative est peut-être plus précise, mais elle manque encore de subtilité émotionnelle et culturelle. Les traductions humaines resteront-elles un luxe inaccessible ?
Tout dépendra du public et du budget. La qualité aura un prix, comme pour beaucoup de choses.
Ce n’est qu’une question de temps avant que l’IA ne domine complètement la traduction littéraire. Les traducteurs devront se spécialiser dans des domaines ou des nuances que les machines ne maîtrisent pas.
C’est une triste réalité, mais tous les métiers seront un jour touchés par l’automatisation. Les traducteurs ne font que précéder une longue liste.
C’est peut-être pessimiste, mais inévitable. L’adaptation sera la clé pour survivre dans ce nouveau monde.
La disparition latente des métiers liés à la traduction littéraire est inquiétante. La technologie ne devrait-elle pas servir à enrichir le travail humain plutôt qu’à le remplacer ?
Justement, l’IA peut libérer du temps pour se concentrer sur des projets plus complexes et créatifs.
Intéressant de voir comment les universités intègrent déjà l’IA dans les cours de traduction. Une approche proactive pour former la prochaine génération.
Oui, préparer les étudiants à cette réalité est crucial, même si cela implique de reconnaître des pertes d’emplois inévitables.
Si l’IA peut traduire des textes simples, les œuvres littéraires complexes demanderont toujours une touche humaine. La technologie ne remplacera pas la sensibilité.
Les logiciels comme DeepL progressent à une vitesse incroyable. Comment les traducteurs professionnels peuvent-ils rivaliser avec de telles capacités ?
Les cosy mysteries de la campagne anglaise sont un exemple parfait pour tester la traduction automatique. Leur style codifié doit-il vraiment rester une spécificité humaine ?