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Retour à la case départ. Une fois de plus, les errements diplomatiques de Donald Trump face à Vladimir Poutine mettent Kiev et ses alliés européens au pied du mur, forcés de composer avec un ingérable mais incontournable parrain américain alors que la Russie, non contente de ravager l’Ukraine depuis bientôt quatre ans, intensifie sa guerre hybride contre l’Europe.
Deux mois après le sommet de l’Alaska, la séquence qui vient de s’écouler a un désagréable petit air de déjà-vu. Elle s’ouvre par une série d’intenses consultations menées à Washington du 14 au 16 octobre par une délégation ukrainienne de haut niveau, dirigée par la première ministre, Ioulia Svyrydenko, et le bras droit du président Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak, avec tout ce qui compte dans la capitale fédérale : sénateurs, dirigeants de l’industrie de la défense, et entourage du président Trump.
Les entretiens sont « encourageants», nous assure à son retour à Kiev Sergiy Kyslytsya, premier vice-ministre des affaires étrangères, qui était de la partie. L’humeur est constructive, on se félicite d’une évolution positive de Donald Trump sur la question ukrainienne ; le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, évoque un prochain voyage à Kiev. La rencontre Trump-Zelensky, que ces consultations visent à préparer, prévue le vendredi 17 octobre, se présente sous les meilleurs auspices.
Double camouflet
Jeudi, première douche froide : les Ukrainiens apprennent que cette rencontre va être précédée d’un entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Au cours de cette conversation de deux heures, les deux présidents parlent « propriété » – comprendre : territoires, dans le langage trumpien. « La Russie a gagné de la propriété, donc elle va en garder, explique plus tard Donald Trump sur Fox News. Nous sommes la seule nation qui envahisse un pays, gagne la guerre puis se retire, comme l’a fait Bush au Moyen-Orient, c’est absurde. »
Mais surtout, il annonce un nouveau sommet avec Poutine, « dans les deux prochaines semaines », à Budapest, chez son ami Viktor Orban, le rebelle pro-Poutine de l’Union européenne (UE). Un double camouflet, pour Kiev et pour les Européens. Marco Rubio, le chef de la diplomatie américaine, est chargé des travaux de préparation avec son homologue russe, Sergueï Lavrov.
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7 commentaires
La situation en Ukraine montre une nouvelle fois les limites de la diplomatie internationale face à un acteur aussi imprévisible que la Russie. L’Europe prend un risque en laissant les États-Unis mener trop seule la danse.
Les Européens ont-ils vraiment les moyens d’agir de manière plus indépendante ?
Ces consultations à Washington semblent plus symboliques que concrètes. Deux mois plus tard, rien n’a vraiment changé sur le terrain.
C’est la lassitude qui parle, mais il faut reconnaître que les gestes concrets manquent.
Un scénario en boucle : l’Ukraine espère des avancées, mais chaque sommet renvoie les mêmes promesses. La guerre hybride de la Russie gagne du terrain.
Et pendant ce temps, l’Europe se croit encore en paix, alors que Poutine semble avoir une stratégie à long terme.
Les Ukrainiens ont sans doute raison d’être désillusionnés. Mais à qui la faute ? À l’imprévisibilité de Trump ou à l’impuissance de l’Europe ?