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C’est une affaire qui embarrasse le Landerneau du rugby français. Surgie au détour de l’interview d’un joueur avant la reprise du championnat de Top 14, au début de septembre, elle est remontée depuis jusqu’au sommet des instances fédérales. Quelques mots désormais au cœur d’une tempête.
En cause, les propos peu amènes de Fred Quercy, le capitaine de Montauban, à l’égard de Fabien Galthié, le sélectionneur du XV de France. « Il a été à la fois le meilleur entraîneur que j’ai eu (…) mais aussi la plus grande merde sur le plan humain », lâche le deuxième ligne de 34 ans, au site spécialisé Rugbypass. Les deux hommes se sont côtoyés pendant deux saisons, entre 2012 et 2014, quand le Lotois dirigeait le staff du club de Montpellier (MHR).
L’entretien aurait pu passer inaperçu. Mais il remonte aux oreilles de l’intéressé, qui goûte peu le fait d’être qualifié de « moins bonne personne sur Terre ». « Je respecte tous les joueurs que j’entraîne et que j’ai entraînés depuis vingt ans », rétorque l’emblématique entraîneur des Bleus. Coup de téléphone aux dirigeants montalbanais, qui se confondent en excuses.
Fabien Galthié ne met aucune pression sur la Fédération française de rugby (FFR), son employeur, assure-t-on du côté de cette dernière. Toujours est-il que la licence sportive de Fred Quercy est suspendue le 22 septembre par la FFR, avant d’être rétablie trois jours plus tard grâce à l’avocat du joueur. Trop tard, cependant, pour lui permettre d’être retenu pour disputer le match à domicile, samedi 27 septembre, contre… Montpellier (match nul 22-22).
« Peur de prendre une grosse sanction »
Fin de l’histoire ? Pas vraiment. L’affaire rebondit entre les mains de la Ligue nationale de rugby – qui gère les championnats professionnels de Top 14 et de Pro D2 –, compétente, selon elle, pour traiter le problème. Elle a décidé, mardi 30 septembre, de convoquer Fred Quercy la semaine prochaine – probablement le 8 octobre – devant sa commission de discipline, considérant que les propos du joueur « pouvaient porter atteinte à l’intérêt supérieur du rugby ». Soit le motif invoqué pour sanctionner Melvyn Jaminet (34 semaines de suspension) après ses déclarations à caractère raciste lors de la tournée tricolore en Amérique du Sud à l’été 2024.
Fred Quercy risque gros : la radiation pure et simple de sa licence, même si la peine maximale est peu probable. « Je m’attendais à un petit retour de flamme, a confié le Tarn-et-Garonnais au journal Midi Olympique. J’ai été un peu surpris que [la suspension] intervienne aussi tard mais pas surpris que ça intervienne finalement. J’ai peur de prendre une grosse sanction qui pour moi ne serait pas méritée. »
Un peu gêné aux entournures par les propos injurieux de son joueur réputé pour son franc-parler, Jean-Claude Maillard, le président de l’US Montauban, implore aujourd’hui le « pardon » des instances du rugby français. « J’ai parlé du problème à Fred, il a reconnu qu’il n’aurait pas dû parler ainsi. (…) Je n’arrive pas à penser qu’il sera durement sanctionné. Dans la même phrase, il a encensé Fabien Galthié. Ça montre à quel point il est spontané et radical dans ses interventions », a défendu sur RMC l’homme d’affaires spécialisé dans l’aéronautique.
Dans l’attente de la sanction, l’affaire Quercy montre combien il en coûte d’égratigner la figure de Fabien Galthié, sous contrat avec les Bleus jusqu’à la Coupe du monde 2027 en Australie. On ne touche pas à un totem du rugby français !