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Livre. Après s’être penché sur l’histoire environnementale des idées politiques dans Abondance et liberté (La Découverte, 2020) ou sur la géopolitique climatique dans Vers l’écologie de guerre (La Découverte, 2024), le philosophe Pierre Charbonnier explore un terrain politiquement miné. Son nouveau livre, La Coalition climat (Seuil, 204 pages, 20,50 euros), arpente la ligne de faille créée par la cause climatique dans de nombreuses démocraties. D’un côté, les scientifiques, des citoyens et une partie du personnel politique qui veulent agir. De l’autre, une « coalition fossile » rétive à tout changement et qui exploite les colères d’électeurs inquiets de cette « mutation historique ».

Pour contrer le « développement de systèmes idéologiques conçus pour contourner, nier, repousser l’impératif du changement technologique et social », le chargé de recherche au CNRS et enseignant à Sciences Po défend l’idée, évidente mais très complexe à mettre en œuvre, d’une alliance des forces politiques, sociales et économiques favorables à la transition.

Ce défi politique est immense. Alors que Donald Trump et Elon Musk, dont les intérêts sont totalement divergents sur beaucoup de sujets, par exemple la voiture électrique, ont su s’allier pour conquérir le pouvoir, les acteurs de l’écologie sont loin d’être alignés. Si les partisans d’une action climatique vigoureuse sont bien obligés de défendre l’extraction de lithium nécessaire aux batteries ou l’agrivoltaïsme, les défenseurs de la biodiversité y sont opposés.

« A moins de considérer que la sobriété constitue une réponse intégrale aux problèmes écologiques et climatiques de ce monde (…), la pensée et l’action écologique doivent aujourd’hui naviguer au sein de contraintes multiples et parfois divergentes, toujours non idéales », estime Pierre Charbonnier, qui appartient résolument à un camp obnubilé par le défi climatique mais opposé à la décroissance.

Pour surmonter ces difficultés, le philosophe donne quelques pistes de réflexion. Les forces progressistes en matière climatique doivent se rapprocher des catégories populaires qui, après avoir subi la mondialisation, peuvent avoir l’impression d’être les perdantes de la décarbonation. En Espagne, le déclin du secteur du charbon « a été l’objet d’une négociation tripartite entre l’Etat, les industriels et les syndicats ». Celle-ci a donné lieu à des retraites anticipées, des formations, de nouveaux emplois, des investissements dans des infrastructures publiques et des territoires qui ne sont pas tombés dans un populisme anti-climat.

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