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Léa Gruyer, enseignante-chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’université Grenoble-Alpes, a soutenu en 2025 une thèse sur les influenceurs alimentaires. Elle décrypte ici un univers où se mêlent quête d’authenticité, modèle économique précaire et influence sociale.
Qui sont les créateurs de contenu « food » sur les réseaux sociaux ?
C’est une catégorie d’influenceurs très hétérogène. On trouve d’abord tous ceux que j’appelle les « amateurs ». Ils n’ont pas de formations spécifiques en alimentation mais une passion ou une activité qui les a menés à évoquer leur rapport à la nourriture sur les réseaux, et pour certains à en tirer rapidement des revenus. Beaucoup parlent de cuisine healthy sous le prisme de la santé. D’autres, amateurs de fitness, plutôt de nutrition orientée vers des objectifs sportifs. D’autres encore partagent leurs « bons plans » ou dégustations de produits et restaurants… Tous ces « amateurs » défendent une proximité et une authenticité avec leur public très valorisées par les plateformes.
Et puis il y a de l’autre côté les « professionnels », moins nombreux : métiers de bouche, producteurs, journalistes, médecins ou diététiciens. Ils utilisent les réseaux comme vitrine ou comme outil de vulgarisation, cherchent à maintenir une crédibilité scientifique ou une expertise artisanale, et se font parfois le relais des discours de santé publique.
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13 commentaires
Un article passionnant sur un phénomène qui influence quotidiennement le comportement alimentaire de millions de personnes.
Totalement d’accord, leur impact social est souvent sous-estimé.
C’est intéressant de voir comment les influenceurs alimentaires mélangent souvent santé et fitness, mais est-ce que cela ne crée pas une pression sociale excessive sur leurs abonnés ?
Exactement, la frontière entre conseils bienveillants et normes imposées est parfois mince.
Les plateformes devraient peut-être mieux encadrer ces contenus pour éviter les dérives.
Les « bons plans » partagés par ces influenceurs peuvent-ils vraiment être considérés comme une source fiable d’information nutritionnelle ?
Cela dépend vraiment de la rigueur du créateur, certains apportent des conseils utiles, d’autres non.
Pourquoi les influenceurs alimentaires se concentrent-ils tant sur le fitness et les régimes santé ? Est-ce une réponse à la demande du public ou une surenchère marketing ?
Probablement un mélange des deux, avec une forte implication des algorithmes des réseaux sociaux.
Les amateurs qui monopolisent le domaine de l’alimentation sur les réseaux posent question. Où est la place des professionnels qualifiés dans ce paysage ?
Peut-être que les deux peuvent coexister, mais avec une meilleure réglementation des qualifications.
La quête d’authenticité est louable, mais combien de ces influenceurs alimentaires survivent réellement grâce à cette activité ?
Pas mal d’entre eux vivent effectivement de revenus très précaires, selon la thèse mentionnée.