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Un double déni menace l’Europe. Le premier serait de ne pas prendre au sérieux le message que les Etats-Unis de Donald Trump adressent aux Européens : l’Alliance atlantique ne les intéresse plus. Le second serait de traiter par le mépris le portrait d’une Union européenne (UE) en perte d’influence dressé par l’Amérique trumpiste : il contient une part de vérité – hélas.

Les optimistes diront que l’OTAN – l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord créée en avril 1949 – reste en place. Les bases de l’OTAN en Europe ne sont pas fermées. Washington maintient sa part de financement et l’essentiel de ses troupes. Mais l’esprit du traité est étouffé, neutralisé. La solidarité instituée de part et d’autre de l’Atlantique n’est plus automatique, elle devient conditionnelle. Un pacte de défense repose sur la confiance : celle-ci est rompue. Il s’appuyait sur des valeurs communes : elles sont indifférentes, sinon parfaitement étrangères, à Trump.

Le document stratégique sur la sécurité des Etats-Unis émis le 5 décembre par l’administration Trump annonce une nouvelle forme de D-Day : Departure Day, « le jour du départ ». L’Amérique s’en va. L’Alliance, ce pacte de défense formé au lendemain du deuxième conflit mondial et à l’aube de la guerre froide, est « touchée dans son essence » politique, pour reprendre une expression du Times de Londres. Les Etats-Unis doutent qu’une Europe qu’ils disent en pleine décadence, menacée d’« effacement civilisationnel » et « subvertissant » la démocratie, que cette Europe-là soit digne de compter parmi leurs alliés.

On peut à bon droit s’interroger sur la pertinence de leçons de civilisation et de démocratie administrées par Donald Trump – pas vraiment un homme des Lumières. Mais la vraie interrogation est autre. Et si l’OTAN n’avait été qu’une parenthèse, l’exception dans une Amérique dont la tradition, durant plus de deux siècles, fut de se défier de tout engagement durable à l’étranger ? « Evitez toute alliance permanente avec une quelconque partie du monde », disait George Washington, le premier président de l’Union américaine, dans son discours d’adieu, le 19 septembre 1796.

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11 commentaires

  1. LesCommentaires sur la ‘décadence’ de l’Europe sont-ils justifiés, surtout au regard de son rôle dans la transition énergétique ? L’Europe reste un leader dans les énergies renouvelables, ce qui nécessite des minerais spécifiques.

  2. Les tensions entre les États-Unis et l’Europe pourraient avoir un impact sur les marchés des matières premières, notamment pour les métaux stratégiques comme le lithium et l’uranium. Comment ces fluctuations géopolitiques influencent-elles les investissements dans le secteur minier ?

    • Pierre W. Thomas le

      La dépendance européenne vis-à-vis des États-Unis pour certains approvisionnements pourrait-elle devenir un risque majeur pour les entreprises locales ?

    • Les états-Unis cherchent peut-être à renforcer leurs propres réserves, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix des métaux critiques. L’Europe devra alors trouver de nouveaux partenaires commerciaux.

  3. La remise en question de l’OTAN par les États-Unis pourrait pousser l’Europe à diversifier ses sources d’approvisionnement en minerais, notamment pour des minerais comme le cuivre ou l’argent. Cela pourrait bénéficier aux pays producteurs comme le Chili ou l’Afrique du Sud.

    • C’est une opportunité intéressante pour les producteurs africains de métaux, qui pourraient voir leur demande augmenter si l’Europe se tourne vers eux.

  4. Le discours de Trump pourrait inciter les entreprises minières à explorer de nouvelles zones géographiques, notamment en Asie, où la demande en lithium et en uranium est forte. Les entreprises européennes suivront-elles cette tendance ?

  5. Cette déclaration des États-Unis souligne l’importance pour l’Europe de renforcer son autonomie énergétique, notamment en investissant dans les minerais critiques comme le cobalto et le nickel. Des projets miniers européens verront-ils le jour ?

    • Les critiques de Trump pourraient en effet accélérer les projets miniers locaux, mais cela prendra du temps et des investissements massifs.

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